
Pourquoi le nombre de féminicides augmente en été

C'est un triste constat observé chaque année par les associations féministes: le nombre de féminicides a tendance à augmenter durant la période estivale. En France, selon les chiffres du collectif Féminicides par compagnon ou par ex, 20 femmes ont été tuées en juillet et en août parce qu'elles sont des femmes, et 75 depuis le début de l'année. Du côté de l'association Nous Toutes, dont la méthode de décompte est différente, on déplore 27 féminicides depuis le début de l'été. Un chiffre alarmant mais qui n'est malheureusement pas nouveau. En 2021, les militantes françaises en recensaient déjà 20 durant l'été sur 113 au total.
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En Belgique, la hausse est moins flagrante: le collectif Stop Feminicide compte 13 féminicides depuis le début de l'année, dont trois cet été. Mais cette augmentation est bien une réalité, qui est observée également pendant les fêtes de fin d'année.
Il n'y a pas de vacances pour les victimes de violences sexistes
Comment expliquer cette hausse des violences durant l’été? «Il y a un effet huis clos», explique au Parisien Noël Agossa, président de l’association des familles de victimes de féminicides (AFVF). Les couples et les familles se retrouvent entre eux. En vacances, «les hommes obsessionnels», libérés «des contraintes sociales habituelles comme le travail» vont «se focaliser uniquement sur leur victime», renchérit Blandine Deverlanges, une des porte-paroles d’Osez le féminisme sur France Inter. L'isolement des victimes s'en retrouve décuplé. D'autant plus que le fait de partir à l'étranger les éloigne de leurs repères et des dispositifs de sécurité.
À cela s'ajoutent les effets de la période estivale sur la vie associative, qui tourne au ralenti. Il en est de même pour le pôle judiciaire avec de nombreux avocats et policiers en congés. Ainsi, le sentiment d'impunité peut jouer.
Une seule cause valable
Si le nombre de féminicides augmente l'été, il ne faut pas y voir une saisonnalité. «Un homme violent au mois d’août l’est le reste de l’année. Le passage à l’acte peut être déclenché dans une période certes inhabituelle, mais la cause est et reste la violence», rappelle Sophie Barre, porte-parole du collectif NousToutes. Blandine Deverlanges souligne, elle aussi, un fait important: «les responsables, ce sont les hommes. Aucune circonstance ne justifie un féminicide».