
Ce 10 mai, un nombre record de Belges fêtent leur anniversaire: comment l'expliquer?

Aujourd'hui, nous pouvons souhaiter un bon anniversaire à pas moins de 27.722 Belges. Aucune autre date que le 10 mai ne compte autant de personnes célébrant cette même fête. C'est ce que révèle un décompte réalisé par les journaux du groupe flamand Mediahuis. Plus interpellant encore: dans le top 6 de ces jours particulièrement festifs, cinq se situent début mai. Après le 10 mai, on trouve donc le 3 mai (27.562 anniversaires), le 11 mai (27.505), le 23 juillet (27.475), le 6 mai (27.417) et le 5 mai (27.296). C'est donc clair, nous sommes en plein dans la période où ces anniversaires sont les plus nombreux. On pourrait donc se dire que logiquement, le nombre des naissances devrait se produire maintenant, mais ce n'est pas totalement vrai. La partie de l'année où la natalité est à son maximum a en effet varié au cours des générations, et la date actuelle du 10 mai n'est que la moyenne résultant de ces changements. Pour comprendre le pourquoi de ces variations, il faut regarder dans le détail.
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Un pic des naissances qui s'est décalé avec le temps
Comme l'explique à la VRT le démographe de la VUB Patrick Deboosere, auparavant, le creux des naissances se produisait de novembre à janvier. Ce même phénomène a été constaté en France par l'Insee, et ce des années 1850 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. À cette époque-là, le pic annuel des naissances se produisait entre février et avril.
Depuis, la situation a bien changé. Avec le baby boom, ce sommet s'est décalé au printemps. Ce mouvement a continué et depuis les années 1990, il a tendance à se fixer sur l'été. Cette constatation vaut par la France mais aussi pour la Belgique, ce que confirment les chiffres donnés par Statbel pour l'année 2021 (la dernière pour laquelle on a aujourd'hui des données complètes). Il y a deux ans, le jour comptabilisant le plus de naissances belges était par exemple le 24 septembre. Quant au creux de natalité, il apparaît de façon moins frappante aujourd'hui mais il existe toujours bel et bien. De nos jours, il a tendance à avoir lieu durant l'hiver ou le tout début du printemps.
Quant la religion et les maladies influençaient la natalité
Face à ces constats, les démographes ont tenté de mieux comprendre ce qui pouvait expliquer ces saisonnalités et ces différences entre époques. Selon Patrick Deboosere, l'ancien creux de la natalité en automne recoupait le moment de l'année où les risques de mortalité infantile étaient particulièrement élevés, les maladies hivernales faisant leur apparition.
L'Insee ajoute que ce déficit pouvait également être lié au carême, célébré neuf mois plus tôt. Autrefois, il était mal vu d'avoir des relations sexuelles à ce moment-là de l'année. De fait, neuf mois plus tard, il y avait moins de naissances. Le pic de février-avril était également influencé par la religion. À l'époque, les relations sexuelles étaient plus nombreuses juste après la carême mais aussi après les mariages, puisque l'Église voyait d'un très mauvais œil les rapprochements antérieurs à cette union. Or la période matrimoniale par excellence, c'était les beaux jours. Encore une fois, neuf mois plus tard, les conséquences étaient concrètes, avec une explosion du nombre de conceptions.
Aujourd'hui, des facteurs différents en jeu
Tout cela a changé après la Seconde Guerre mondiale. Plus le fait d'avoir des enfants hors mariage était accepté, plus le creux de l'automne s'est résorbé. Pour ce qui est du pic des naissance, son apparition au printemps lors du baby boom serait liée aux congés estivaux et, encore une fois, au nombre important de mariages célébrés lors des beaux jours. Aujourd'hui, le décalage de ce maximum annuel à l'été serait tout simplement le résultat des relations sexuelles non protégées manifestement nombreuses aux alentours de Noël, ainsi que d'une volonté des parents d'avoir leurs enfants "à la belle saison". À noter toutefois que l'importance de ces facteurs reste manifestement assez marginale puisqu'à l'instar du creux de natalité, ce pic a également tendance à apparaître de façon moins flagrante dans les données démographiques.
Enfin, si on regarde aujourd'hui non pas à l'échelle d'une année mais d'une semaine type, des différences apparaissent également. Un creux des naissances se produit ainsi durant le week-end et les jours fériés. Cela serait lié à médicalisation des accouchements, les césariennes étant plus programmées pendant la semaine et surtout en-dehors des congés. Des choix qui sont liées à des considérations non pas purement médicales mais sociétales.