
Faut-il instaurer un chèque-stage pour soutenir les familles ?

Alors que le secteur de l’Accueil Temps Libres (ATL) est en pleine réforme, initiée par la ministre de la Petite Enfance Bénédicte Linard (Écolo) il y a de ça deux ans, et que cette dernière pédale de plus en plus dans la semoule, la Ligue des famille tire sur la sonnette d’alarme et exige du changement. L’une de ses demandes ? L’instauration d’un « chèque stage » par enfant qui permette de réduire le coût des vacances scolaires pour les familles, et de s’assurer que tous les enfants puissent participer à un minimum d’activités sportives ou ludiques.
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Dans son dernier rapport la Ligue des familles a recueilli de nombreux de témoignages de parents devant débourser des sommes folles pour les stages estivaux. « L'année dernière on a payé énormément en stages et ça nous a vraiment crevé le budget. On a payé entre 1000€ et 1500€ rien que pour les stages pour trois enfants », peut-on lire.
Une situation qui doit changer selon Damien Hachez, chargé d’étude à la Ligue des familles. « Lors des dernières grandes vacances, les parents ont en moyenne dépensé 359 euros pour les stages de leurs enfants », explique-t-il au Soir. « Et sur l’année, le montant moyen est de 500 euros. »
La réforme du rythme scolaire inquiète
C’était la grande nouveauté de cette rentrée scolaire : la réforme du rythme scolaire. A savoir des congés d’été rabotés et les congés d’automne et de printemps rallongés, afin d’alterner des périodes de maximum 8 semaines de cours coupées de deux semaines de vacances.
Mais pour la Ligue des familles, ce nouveau calendrier inquiète car il pourrait être synonyme de frais supplémentaire. « Nous manquons encore de données sur l’impact de la réforme des rythmes scolaires sur les stages et nous demandons à la Fédération Wallonie-Bruxelles de monitorer cette réalité car les familles pourraient avoir à débourser encore plus en stage suite à cette réforme. Or, déjà aujourd’hui, 51 % des familles de classes moyennes et populaires ne mettent pas leurs enfants en stage durant les vacances », fait-on savoir.
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Pourtant, du côté des stages, ce nouveau rythme semblait convenir. C’est notamment l’avis de Marie Vandamme, coordinatrice à Circomédie ASBL qui répond au micro de la RTBF : « Avant, on avait généralement 9 semaines de stage durant l’été. C'est vraiment quelque chose de lourd au niveau organisationnel », explique-t-elle. « Pour nous, c'était vraiment plus facile de répartir ces semaines durant l'année scolaire. »
Cependant, si globalement cette répartition plus égale réjouit, elle a malgré tout changé quelque peu son fusil d’épaule. « Auparavant, les parents pouvaient s’arranger pour nous déposer leurs enfants et arriver un peu plus tard au travail, ça ne durait qu’une semaine, poursuit-elle. Mais ici, deux semaines c’est plus compliqué d’être si flexible. C’est pourquoi on a mis en place une garderie payante, ouverte à partir de 7h15. »
Une question de budget mais aussi d’organisation
Si pour 26% des familles, les raisons de ne pas envoyer son enfant en stage sont principalement liées à l’argent, pour d’autres, c’est aussi des questions de complexité d’organisation ou même d’incapacité de conduire ses enfants au lieu de stage qui rentrent en jeu.
« J'ai un planning. Je mets déjà toutes les dates. Je fais déjà mon organisation pour toute l'année, comme c’est déjà la répartition plus ou moins au niveau du partage avec le papa, je cale toutes les autres activités à ce moment-là, et les stages, là on a déjà reçu la brochure donc j'ai déjà regardé, et je regarde par rapport aux dates. » peut-on lire dans le rapport.
Plus d’accessibilité oui, mais pas au détriment de la qualité
Si la proposition de la Ligue de famille est saluée par une partie du secteur, il n’en demeure que celui-ci est malheureusement sous-financé et en pleine évolution. Et qu’un tel cheque peut apparaitre, aux yeux de certains comme une goutte d’eau dans l’océan. Voir même faire grincer les dents.
« Il faut rendre ces activités plus accessibles mais pas au détriment de la qualité », estime Cécile Van Housté auprès du Soir. « Notre priorité est surtout de refinancer largement ce secteur pour offrir notamment des emplois de qualité au personnel qui travaille de manière saisonnière ou avec des horaires coupés. Nous faisons déjà face à une pénurie aujourd’hui si bien que la demande pour les activités extrascolaires dépasse l’offre disponible. Il faut veiller à ne pas aggraver la situation en revalorisant l’ensemble du secteur. »