Pourquoi certaines personnes ont peur des clowns?

Une nouvelle étude a tenté d'estimer la proportion de la population ayant peur des clowns, ainsi que de déterminer les causes de cette phobie.

Clown à São Paulo
Un clown dans les rues de São Paulo (Brésil), le 27 mars 2023 ©BelgaImage

Êtes-vous atteint de coulrophobie? En d'autres termes, avez-vous peur des clowns? Car si ces artistes maquillés sont généralement censés amuser, certains les fuient comme la peste. Mais jusqu'ici, peu d'études s'étaient penchées sur l'origine de cette crainte viscérale. Conscients de ce manque, des scientifiques de l'Université du Sud du Pays de Galles (South Wales University) ont décidé de mener l'enquête. Cette semaine, ils relaient via le média The Conversation leurs résultats, initialement parus ce 14 mars 2022 dans l'International Journal of Mental Health.

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5% de la population a "extrêmement peur" des clowns

Pour y voir plus clair, ils ont interrogé 987 personnes, âgées de 18 à 77 ans et venues de différents pays. À l'issue d'un premier questionnaire, 53,5% d'entre elles ont déclaré avoir peur des clowns, au moins dans une certaine mesure. Il s'agissait surtout de femmes et d'individus jeunes, ce qui correspond aux observations réalisées pour d'autres phobies.

Les chercheurs ont également constaté que 5% de ces sondés avaient même "extrêmement peur" d'eux. Ce chiffre est particulièrement frappant quand on sait que les autres phobies "extrêmes" n'atteignent généralement pas de si hauts sommets, avec par exemple 3% de la population hématophobe (peur du sang), 2,8% acrophobe (peur des hauteurs), ou encore 1,3% aviophobe (peur des avions).

L'importance relative de la culture populaire

Après ce premier questionnaire, les scientifiques en ont soumis un deuxième aux 53,5% qui se sont avérés au moins en partie coulrophobes. Ceux-ci devaient alors choisir entre huit propositions possibles celle qui pourrait le mieux décrire l'origine de leur peur. L'explication qui a recueilli le moins de "suffrages" était celle d'une expérience personnelle effrayante avec un clown. Autrement dit, si certaines personnes deviennent coulrophobes, ce n'est généralement pas à cause de clowns maladroits, aux fêtes d'anniversaire des enfants par exemple.

Parmi les propositions qui ont été les plus souvent sélectionnées, on a par contre celle qui pointait la responsabilité de la culture populaire. Il y aurait ainsi un nombre non négligeable d'individus qui seraient marqués par des films comme "Ça", ou par des personnages comme le Joker de la série "Batman". Mais cela ne suffit pas à expliquer la coulrophobie vu que "certaines personnes ont aussi peur de Ronald McDonald, la mascotte de la chaîne de restauration rapide éponyme", c'est-à-dire une icône censée être amicale et non effrayante, précisent les chercheurs.

Une méfiance liée à l'expression faciale

Heureusement, jusqu'ici, on n'a toujours pas abordé une proposition souvent sélectionnée lors du deuxième questionnaire, et celle-ci est riche en enseignements. Il s'avère ainsi que le facteur le plus important à la coulrophobie, c'est le fait que les clowns cachent, de par leur maquillage, leurs expressions faciales et donc leurs signaux émotionnels. "Par exemple, nous ne savons pas s’ils froncent les sourcils, ce qui indiquerait de la colère", écrivent les auteurs de l'étude dans The Conversation. "Le fait de ne pas pouvoir détecter ce qu’un clown pense ou ce qu’il pourrait faire ensuite rend certains d’entre nous nerveux en leur présence".

Cette conclusion rejoint l'hypothèse faite dans le Time par le Dr. Rami Nader, psychologue dans une clinique de Vancouver. Selon lui, lorsque l'on a un clown devant soi, "il y a cette méfiance inhérente que ce qu'ils vous présentent n'est pas ce qu'ils ressentent vraiment". "Quand on ne parvient pas à décoder le visage d'une personne, on la perçoit comme menaçante", confirme dans Libération Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie de l'hôpital Henri-Mondor de Créteil.

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