Slowjamastan, Flandrensis… 5 micronations, entre utopie et fantaisie

Ces pseudo-pays, non reconnus, font souvent l’écho de préoccupations sociales ou environnementales. Avec, souvent, une bonne dose d’autodérision (voire de foutage de g*****).

Vu de Belgique (et au risque de provoquer un incident diplomatique) le sultan du Slowjamastan a quand même un bon petit air de François l’Embrouille…
Vu de Belgique (et au risque de provoquer un incident diplomatique) le sultan du Slowjamastan a quand même un bon petit air de François l’Embrouille… capture écran © Twitter

Selon l’essayiste français Bruno Fuligni, il existerait plus de 400 micronations aujourd’hui dispersées sur l’ensemble de la planète. Mais comment savoir ? Ce n’est pas l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui se chargera de les recenser, car ces pseudos-pays, souvent créés par des bandes d’amis créatifs (et un peu dingues) ne sont pas reconnus internationalement.

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Ces entités rebelles restent tolérées par les gouvernements, tant que leurs «citoyens» ne lèvent pas d’armée ( !), respectent le droit local, et payent leurs impôts. À en croire Bruno Fuligni, la crise que «connaissent les syndicats, les partis politique», pourrait expliquer que les micronations aient «le vent en poupe».

«Beaucoup de ceux qui aujourd’hui s’engagent dans une micronation auraient adhéré, il y a vingt ou trente ans, à un mouvement politique, expliquait-il à SudOuest. Avec la micronation, il y a l’idée qu’on peut transformer les choses localement, délimiter un territoire, même symboliquement, où l’on sera entendu et où l’on aura des moyens d’action».

À travers 5 escales, voyage en «Utopistan». Ou serait-ce «Lofoqueriestan» ?

Slowjamastan

Après avoir roulé sa bosse un peu partout, le DJ américain R Dub ! Williams a décidé d’acheter un terrain au beau milieu du désert de la Californie. Et d’y planter le drapeau de sa «République du Slowjamastan». En bon sultan, Williams y a édicté des règles aussi extravagantes qu’arbitraires.

Au Slowjamastan, il est par exemple interdit de porter des Crocs, ou de placer ses pieds sur le tableau de bord d’un véhicule, sous peine de devoir le nettoyer et de ne plus pouvoir voyager dans un véhicule pendant 30 jours.

Par ailleurs, défense absolue de porter des sous-vêtements, un panneau avec un écriteau en latin vous le rappellera à votre arrivée. Et pas question de confondre “you’re” et “your” en anglais. Vous risqueriez d’être bannis et de devoir passer un test écrit pour revenir sur le territoire…

Royaume gay et lesbien des Îles de la mer de Corail

Le 12 août 2004, sous la pression des lobbies religieux, la législation australienne est modifiée, interdisant formellement le mariage entre deux hommes ou deux femmes. En réponse, des militants LGBT+ décident de créer leur propre royaume en profitant d’une loi internationale. Celle-ci autorise certains territoires, dont les îles de la mer de corail (au nord-est de l’Australie), à s’auto-gouverner et à s'auto-déterminer, s'ils devaient être opprimés.

En 2004, des militants se sont donc rendus sur Cato, la plus grande île de la mer de corail, et y ont planté un drapeau arc-en-ciel. Avant de proclamer la fondation du Royaume gay et lesbien des Îles de la mer de Corail, et de faire sécession avec l’Australie.

Le titre I Am What I Am de Gloria Gaynor fut choisi comme hymne du Royaume. Celui-ci a fini par s’auto-dissoudre en 2017, après le référendum sur la loi autorisant le mariage homosexuel en Australie.

 

Flandrensis

Non, Niels Vermeersch n’est pas un fanatique de la N-VA qui aurait décidé de faire sécession une bonne fois pour toute. Le Grand-Duc de Flandrensis règne en effet à distance sur un territoire de l’Antarctique comprenant les îles Siple, Carney, Maher, Cherry et Pranke. En 2008, cet habitant de Sint-Juliaan (Flandre occidentale) étudie la législation encadrant l’exploitation du continent blanc.

«Je savais parfaitement qu’aucun pays n’était autorisé à briguer des possessions dans l’Antarctique ouest mais rien n’était précisé dans le cas d’un individu, expliquait-il au Monde. J’ai donc réclamé les îles Siple, Carney, Maher, Cherry et Pranke en mon nom propre».

Niels Vermeersch envoie des courriers marqués aux armes de Flandrensis, au secrétaire général de l’ONU et aux représentants de 45 Etats signataires du traité de l’Antarctique. Sans grande surprise, ses 46 lettres ne reçoivent aucune réponse. Or, c'est bien connu, «qui ne dit mot, consent»...

Depuis, notre Grand-Duc a créé une ONG environnementale et utilise la vitrine qu’est Flandrensis pour attirer l’attention de certains de ses homologues chefs d’Etats pour dénoncer leurs politiques insatisfaisantes en matière d’écologie.

Liberland

Fondé par Vit Jedlička, un politicien tchèque, Liberland se revendique du libertarianisme, idéologie qui porte le libre choix individuel au pinacle et exècre toute action de l’Etat. Vit Jedlička espère installer son Liberland sur 7 kilomètres carrés à cheval sur les territoires de la Serbie et de la Croatie.

L’homme désire également mettre sur pied une cryptomonnaie basée sur la blockhain et basée sur les fonds provenant des quelques 6.000 personnes qui auraient payées pour devenir «e-résidentes» du Liberland. Comme quoi, micronations et business ne sont pas forcément incompatibles…

Angyalistan

Le pays de l’imaginaire et de la poésie, par excellence. L’étymologie en témoigne : «Angyal» signifie «ange» en hongrois, expliquait au Monde l’empereur du «pays des anges», le Français Olivier Touzeau.

Comme le site Internet de la micronation nous l’apprend, L’Angyalistan a la ligne d’horizon pour territoire. Ce qui fait de son souverain un condamné à l’exil perpétuel, puisque sa contrée est inatteignable…

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