
Ig Nobel : les 10 recherches scientifiques les plus improbables récompensées aux Nobel de l’absurde

Non, porter une blouse blanche n’empêche pas d’avoir le sens de l’humour. La 33ème cérémonie des Ig Nobel (se prononce igue-nobel en anglais, un jeu de mot avec l’adjectif «ignoble»), qui avait lieu dans la nuit de jeudi à vendredi aux Etats-Unis, l’a prouvé une fois de plus.
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Depuis 1990, les Ig Nobel constituent la récompense suprême dans ce domaine souvent loufoque de la «science improbable», celle qui montre que la méthode scientifique peut s’appliquer sérieusement, même aux questions les plus extravagantes et incongrues.
Décrocher un Ig Nobel n’est ainsi pas considéré comme une humiliation, la récompense visant «d'abord à faire rire, ensuite à faire réfléchir», comme aiment à répéter les organisateurs. Les récipiendaires se voient remettre leur prix par d'authentiques Nobel- pour cette édition 2023, c’est la Française Esther Duflo, Prix Nobel d'économie 2019, qui officiait.
En outre, les lauréats se voient dûment rétribués sur le plan financier (sur le papier, du moins), puisqu’ils reçoivent un billet de billet de 10.000 milliards d’anciens dollars zimbabwéens. Coupure qui malgré son interminable suite de zéros, n’a plus aucune valeur, en raison de l’hyperinflation ayant frappé cette monnaie…
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C’est le magazine scientifique humoristique Les Annales de la recherche improbable (Annals of Improbable Research) qui a présenté les dix lauréats. Florilège.
Lécheurs de cailloux
Le prix de chimie et géologie est allé à Jan Zalasiewicz, géologue à l'Université de Leicester (Angleterre), «pour avoir expliqué pourquoi de nombreux scientifiques aiment lécher des cailloux».
Le lauréat a expliqué avoir écrit son étude intitulée «Manger des fossiles» après s'être rendu compte que «des géologues du XVIIIe siècle utilisaient le goût des cailloux pour mieux les identifier».
Répéter des mots à l'infini
En littérature, une équipe internationale a été récompensée «pour l'étude des sensations éprouvées par des gens répétant un même mot beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de fois».
Avec la conclusion que cette répétition rendait singulier quelque chose de familier, et permettait d'atteindre ainsi un état de «jamais vu», et non pas de «déjà vu».
Réanimer des araignées en robots
Pour le prix d'ingénierie mécanique, une équipe américaine a «réanimé» des tarentules mortes pour utiliser leurs pattes comme des pinces. Avec une vidéo à l'appui montrant des araignées bien mortes dont les pattes s'ouvraient avant de saisir un petit objet.
Le travail de «nécrobotique» consiste à utiliser des parties d'animaux dans des robots, ont expliqué les chercheurs de l'Université de Rice, à Houston (Etats-Unis).
Toilettes pour analyse fécale
Seung-min Park, à l'Université américaine de Stanford, s'est distingué avec le prix de santé publique pour des toilettes capables d'analyser rapidement les selles. La «cuvette-WC de Stanford» dispose même d'un senseur d'«empreinte anale», capable de reconnaître à quel individu appartient l'orifice examiné, un peu comme le fait un logiciel de reconnaissance du visage pour les smartphones.
Parleurs en verlan
L'Ig-Nobel de communication est allé à la recherche sur les personnes capables de parler rapidement à l'envers. Les récipiendaires ont accepté leur prix en verlan.
L'économiste Esther Duflo, lauréate du (vrai) Nobel d'économie, a suggéré que les chercheurs se penchent sur cette pratique très répandue en France.
Pilosité cadavérique
En médecine, des chercheurs ont été distingués pour l'étude sur le nombre de poils dans les narines sur des cadavres. Les chiffres varient bien d'un décédé à l'autre, mais en moyenne la narine de gauche abrite 120 poils contre 112 pour celle de droite.
Un goût électrique
Les Japonais Hiromi Nakamura et Homei Miyashita se sont illustrés dans la catégorie Nutrition grâce au développement de baguettes et pailles électrifiées qui rehaussent le goût des aliments et boissons.
«Cela permet d'augmenter le caractère salé de la nourriture», a déclaré Homei Miyashita lors de la cérémonie de remise des prix.
L'ennui qui ennuie
Les enseignants auront prêté une attention particulière au prix d'Education attribué à des chercheurs étudiant l'effet qu'ils peuvent avoir sur leurs étudiants s'ils ont l'air de s'ennuyer.
«Nous avons découvert que si les étudiants pensaient que leurs profs s'ennuyaient en donnant leurs cours, alors ils s'ennuyaient encore plus», a annoncé sur un ton fatigué le lauréat Christian Chan.
Cou tordu
Combien de passants dans une rue vont lever la tête s'ils voient d'autres personnes tordre le cou pour regarder vers le ciel? C'est l'objet d'une étude de chercheurs américains qui ont remporté le Ig-Nobel de psychologie.
Conclusion: plus il y a de gens regardant en l'air, plus nombreux sont les passants qui les imitent.
Sexe et anchois
Le Ig-Nobel de physique a récompensé des travaux cherchant à mesurer si «le mélange des eaux océaniques est affecté par l'activité sexuelle des anchois». «Je crois qu'il y a un consensus sur le fait que ça n'a pas d'importance», a «regretté» Bieito Fernandez Castro, l'un des lauréats.