

Lorsqu’il a annoncé la nomination d’une femme au poste de Premier ministre, le président tunisien Kaïs Saïed a parlé d’un “honneur pour la Tunisie et les femmes tunisiennes”. Il a également rappelé que la loi tunisienne prévoit l’égalité entre les femmes et les hommes depuis 1956.
Najla Bouden-Romdhane, 63 ans, n’avait jusqu’ici jamais occupé de fonction publique. En 2011, elle était directrice générale de la qualité au sein du ministère de l’Enseignement supérieur en 2011. En 2015, elle est devenue chargée de mission ministérielle. À partir de 2016, elle a tout de même défendu une réforme de l’enseignement supérieur.
Elle a obtenu son diplôme d’ingénieure en 1983 suivi d’un doctorat en géologie. Elle a mené une partie de ses études à l’École des Mines de Paris et une autre à l’École nationale d’ingénieurs de Tunis.
L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur l’a qualifiée de “bûcheuse, intègre et méthodique”.
L’ONG I Watch a toutefois pointé du doigt le fait qu’elle serait amie avec la première dame de Tunisie Ichraf Chebil. Difficile à ce stade de déterminer si elle a vraiment été pistonnée.
Sa tâche est lourde puisqu’elle arrive à la tête d’une Tunisie en crise. Le pays a de sérieux trous dans ses caisses publiques. En outre, il est divisé sur le plan politique et fragilisé par la crise du coronavirus.
Son premier tweet depuis sa nomination était cependant le suivant: “Notre tâche principale sera de lutter contre la corruption”. Pour ce combat, Najla Bouden pourrait avoir le bon profil, contrairement à tous les hommes politiciens de profession qui l’ont précédée.
La nomination de Romdhane intervient deux mois après la destitution de l’ancien gouvernement et une réforme de la Constitution offrant la possibilité au président de gouverner par décret. La Première ministre aura donc moins d’influence que ses prédécesseurs.
Derrière ce coup de com du président tunisien attirant les projecteurs sur son pays, ce choix n’en demeure pas moins un progrès réel pour le monde arabe. C’est un signal envoyé aux modernistes et à la communauté internationale.
En 2019, Raya Al Hassan était devenue la première ministre de l’Intérieur du monde arabe en intégrant le gouvernement libanais. Avant Bouden et Hassan, d’autres femmes ont été nommées à des postes un peu moins prestigieux. On pense notamment à Z’hour Ounissi, ministre de l’Éducation en Algérie dans les années 80.