Le pass sanitaire européen risque l'implosion

Plusieurs pays ont imposé de nouvelles restrictions aux voyages, amenant le Conseil européen à se concerter pour sauver le pass sanitaire.

Pass sanitaire européen à Paris
Un pass sanitaire européen le 13 juillet 2021 à Paris @BelgaImage

Un peu moins de six mois après sa création, le pass sanitaire européen fait aujourd’hui l’objet d’une opération sauvetage. Il est l’une des priorités du Conseil européen qui s’est ouvert ce jeudi. Le fameux document, qui organise les voyages au sein de l’UE (Union européenne) a en effet été malmené ces dernières semaines. Plusieurs pays ont transgressé des principes de base de la coordination européenne pour imposer des règles supplémentaires à l’entrée sur leurs territoires. Une tendance au repli jugée assez dangereuse pour exiger une réaction au niveau continental.

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Un pass sanitaire progressivement mis à mal

Début décembre, le Portugal et l’Irlande ont lancé les hostilités. Inquiets de la menace du variant Omicron et de la reprise épidémique en Europe, ces deux pays décident d'imposer de nouvelles règles pour les voyages. Pour se rendre au Portugal, toute personne de plus de 12 ans doit désormais faire un test PCR de moins de 72 heures ou un test antigénique de moins de 48 heures. Cette règle s’applique aussi aux vaccinés mais pas à ceux guéris du Covid-19 (dans un délai de six mois). Pour l'Irlande, c'est encore simple. Tout le monde, sans exception, doit avoir un test PCR négatif de moins de 72 heures. Seule exception: les vaccinés et les guéris peuvent faire un simple test antigénique de moins de 48 heures.

En début de semaine, l'Italie a ajouté une couche. Du 16 décembre au 31 janvier, tous les Européens (y compris les vaccinés et les guéris) doivent avoir un test PCR de moins de 48 heures ou un test antigénique de moins de 24 heures. Les non-vaccinés ont en plus pour obligation de respecter une quarantaine de cinq jours. Enfin, ce mercredi, la Grèce a elle aussi rejoint le mouvement. Pour s’y rendre durant la période de Noël, «tous les voyageurs» doivent avoir un test PCR négatif de moins de 48 heures.

Ce qui est encore plus problématique avec ces restrictions supplémentaires, c’est qu’elles se font de manière unilatérale, sans forcément en informer les autres pays européens au préalable. Le gouvernement italien n’a par exemple prévenu ni la Commission européenne, ni ses voisins, lorsqu’il a décidé d’imposer ses nouvelles règles aux voyages. Une démarche contraire à la coordination européenne. Problème: cette dernière se base sur une série de recommandations, pas sur des lois.

Sauver le pass

Cette semaine, plusieurs chefs d’État n’ont pas manqué de faire part de leur préoccupation. «Si chaque pays recommence à agir séparément, on ne va pas s'en sortir. Visons la même approche dans toute l'Europe», a déclaré le Premier ministre belge Alexander De Croo. Un avis que partage le chancelier allemand Olaf Scholz qui rappelle que «la liberté de circulation est importante». Le président français Emmanuel Macron a assuré pour sa part que la France ne suivrait pas son voisin italien en imposant des tests au sein de l’UE et plaide à rester cohérent sur la lutte face au variant Omicron. «À partir du moment où tel ou tel variant est dans un pays européen, il se diffuse dans les autres», rappelle-t-il.

Pour éviter que le pass sanitaire ne se délite complètement, le Conseil européen qui a actuellement lieu a donc pour mission de venir à son secours. Une opération de sauvetage qui devrait aboutir à de nouvelles règles harmonisées au niveau de l’UE. La question, c’est de savoir lesquelles? Le principe du test est loin de faire consensus et ne devrait a priori pas s'imposer.

Ce qui semble beaucoup plus probable, c'est que les personnes vaccinées soient amenés à obtenir une troisième dose afin de garder le pass. Cette idée, proposée par la Commission, semble à l’heure actuelle assez populaire. Reste à trancher le débat sur le timing précis de l’administration de ce rappel. A priori, c’est la règle 6+3 qui recueillerait le plus de soutien. Autrement dit, six mois après la seconde dose, les vaccinés seraient invités à avoir la troisième injection et auraient trois mois supplémentaires pour le faire. Cette idée, basée sur les recommandations du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), est en tout cas approuvée par la Belgique. Elle pourrait aboutir la semaine prochaine à un accord et à un acte délégué ayant une valeur contraignante. Il sera alors établi quand cette règle entrera en vigueur. Pour l’instant, l’hypothèse d’une mise en application début février paraît plausible.

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