
Manifs anti-vax en France, Italie et Allemagne, une équipe AFP agressée

Une équipe de l'Agence France-Presse a été menacée de mort et agressée et un des agents de sécurité la protégeant blessé à la tête samedi à Paris, lors d'un rassemblement anti-pass vaccinal organisé par le mouvement Les Patriotes de Florian Philippot, ont relaté ses journalistes. Des défilés similaires ont également été aboutis à des violences en Italie et en Allemagne. Dans ce dernier pays, des contre-manifestations ont eu lieu.
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Un agent de sécurité sérieusement blessé
L'équipe, composée de deux journalistes reporter d'images (JRI), était accompagnée de deux agents de sécurité afin de couvrir le rassemblement au départ de la place du Trocadéro, dans l'ouest de Paris. De premières prises de vues ont été réalisées sans encombre. Mais, la situation s'est tendue après le départ du cortège au niveau du Palais de Tokyo, lorsqu'environ 150 individus, identifiés comme étant d'extrême droite par les journalistes, sont arrivés près de l'équipe.
Un individu encagoulé avec un mégaphone a déclaré: «C'est l'AFP, niquez-les ces fils de pute», relate la journaliste agressée. À cet appel, au moins une cinquantaine de personnes s'est dirigée vers la vidéaste pour en découdre avec elle. Les agents de protection se sont interposés, permettant aux deux JRI de prendre la fuite.
Les agents de sécurité ont ensuite été frappés, notamment à coups de matraque, alors qu'ils protégeaient la vidéaste, rattrapée par une vingtaine de manifestants. Les gardes et les journalistes rapportent avoir été menacés de mort avant que l'un des agents de sécurité ne reçoive une bouteille sur la tête, lui ouvrant le cuir chevelu. Ces derniers et les deux journalistes ont finalement réussi à s'abriter derrière un cordon de gendarmerie mobile et ont cessé de couvrir le rassemblement.
«Si elle était tombée, elle aurait été rouée de coups»
«En six ans de manifestations, c'est la première fois que je vis une violence pareille», a témoigné la journaliste, choquée, notamment par les menaces de mort. «L'homme cagoulé à l'origine du mouvement m'a saisie en me disant 'Je vais te tuer, regarde-moi bien, je vais te tuer'», raconte-t-elle. «Si elle était tombée, elle aurait été rouée de coups», ajoute son collègue vidéaste.
«L'AFP proteste vigoureusement contre cette agression intolérable et la volonté de certains d'empêcher ses journalistes de faire leur travail», a déclaré Phil Chetwynd, directeur de l'information de l'AFP, qui étudie «la possibilité d'engager des poursuites contre de tels actes inadmissibles».
Il s'agit de la deuxième agression dont est la cible une équipe de l'AFP couvrant des manifestations contre le pass sanitaire. En juillet 2021, deux JRI avaient reçu crachats et injures lors d'une manifestation organisée par M. Philippot. Les manifestations de ce samedi ont attiré moins de monde qu'il y a une semaine. Le 8 janvier, 105.200 personnes avaient protesté contre les mesures sanitaires. Ils n'étaient plus que 54.000 ce 15 janvier.
En Allemagne, manifestations et contre-manifestations
Des milliers de personnes à travers l'Allemagne se sont rassemblées samedi pour protester contre les négationnistes du Covid-19, tandis que des milliers d'autres ont défilé pour s'opposer aux mesures sanitaires mises en place par les autorités du pays pour endiguer la propagation du coronavirus.
Ils étaient plus d'un millier à Hambourg à défiler contre les théoriciens du complot sous la bannière «Solidarité et ouverture d'esprit au lieu d'idéologies conspirationnistes». Le rassemblement était initialement prévu comme une contre-manifestation à une mobilisation de militants anti-vaccination pour laquelle quelque 15.000 participants étaient attendus. Mais la mobilisation anti-vax a été interdite par la police, jeudi, en raison de l'expansion rapide du variant Omicron sur le territoire allemand. Des milliers de personnes opposées aux mesures sanitaires ont toutefois ignoré l'interdiction de manifester et se sont tout de même rassemblées samedi devant le musée Kunsthalle de Hambourg. D'après la police, 3.000 personnes étaient présentes, la plupart d'entre elles ne portaient pas de masque. Des échauffourées ont par ailleurs éclaté.
Un tribunal administratif avait rejeté un appel en référé de l'organisateur visant à faire annuler l'interdiction de manifester. À Fribourg-en-Brisgau, dans l'État du Bade-Wurtemberg, environ 2.500 personnes, selon la police, se sont rassemblées pour protester contre les idéologies conspirationnistes et la tendance à minimiser la pandémie de coronavirus. Dans une autre partie de la ville, 6.000 activistes anti-mesures sanitaires ont également battu le pavé pour faire entendre leur voix.
Tension aussi en Italie
Des moments de tensions avec la police et quelques légères échauffourées ont été enregistrés samedi après-midi lors d'une manifestation des anti-vaccins et anti-pass vaccinal dans le centre de Rome, a constaté l'AFP. Un millier de personnes environ s'étaient rassemblées pour un sit-in, autorisé par la police, sur la place de Saint-Jean de Latran quand un petit groupe de manifestants a voulu partir en cortège, non autorisé, vers le centre historique, se faisant bloquer par des véhicules des forces de l'ordre et policiers en tenue anti-émeute.
Plusieurs autres manifestations ont par ailleurs eu lieu en Italie pour dénoncer le pass vaccinal ainsi que la récente obligation de vaccination pour toutes les personnes âgées de plus de 50 ans. Le gouvernement italien, confronté à un rebond des contagions dû au variant Omicron, avait décidé fin décembre d'exiger à partir du 10 janvier le pass vaccinal dans les transports, les hôtels, les terrasses de restaurants, les foires et congrès ainsi que les piscines et salles de gym. Jusqu'au 10 janvier, pour prendre le train et l'avion, il suffisait d'être en possession d'un pass sanitaire «de base», qui pouvait être obtenu grâce à la vaccination mais aussi avec un test négatif. La pass vaccinal, baptisé en Italie «pass sanitaire renforcé», s'obtient seulement avec un cycle vaccinal complet ou après guérison du Covid. Il y a dix jours, le gouvernement a également décidé d'instaurer l'obligation vaccinale pour toutes les personnes âgées de plus de 50 ans, sauf pour celles récemment guéries. Premier pays européen durement touché par la pandémie, l'Italie a enregistré plus de 140.000 morts depuis début 2020.