«Une part non négligeable de l’armée russe reste aux portes de l’Ukraine»

Enfin un apaisement du conflit russo-ukrainien ou coup de bluff de Poutine? Invité sur DH Radio, le politologue Joseph Henrotin donne son point de vue.

Les troupes russes quittent la frontière ukrainienne
Les troupes russes quittent la frontière ukrainienne. © BelgaImage

Alors que la Russie a ordonné ce mardi le retour de 10.000 soldats déployés près de la frontière ukrainienne et que le président russe Vladimir Poutine a assuré ne pas vouloir d’une guerre avec son voisin, les États-Unis de Joe Biden restent "sceptiques ». Alors, assiste-on à un premier signe de désescalade de la part des Russes? "Pour l’instant, on ne sait pas trop si c’est une réallocation des forces sur le théâtre du conflit. Et 10.000, c’est finalement assez peu par rapport aux 175.000 soldats qui sont présents tout autour de l’Ukraine », précise le politologue Joseph Henrotin, au micro de Maxime Binet sur DH Radio.

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En comptant l’armée de terre, la marine ou les forces de missile, l‘armée russe compte 900.000 personnes. Un chiffre "assez considérable" selon le politologue, qui précise que l’armée de terre russe compte 280.000 hommes. Mais que représentent les troupes massées à la frontière russo-ukrainienne? "Dans les 175.000 hommes, il y a des forces actives, des réservistes, des troupes de la marine et des aviateurs. Il y a donc une part non négligeable de l’armée russe qui reste aux portes de l’Ukraine."

Bras de fer avec l’OTAN: «Celui qui a la main, c’est Poutine»

Dans cette situation sous tension entre les Russes et les Occidentaux, cette semaine s’annonce décisive pour tenter de trouver une solution diplomatique et d’éviter une potentielle invasion. Ce mercredi, un sommet de l’OTAN démarre avec les ministres de la Défense et se poursuivra jeudi avec les ministres des Affaires étrangères.

"Celui qui a la main en ce moment, c’est Poutine. L’OTAN peut tenter de faciliter le dialogue, même si les Russes répondent une fois sur deux, et renforcer les frontières d’États qui sont en contact avec la Biélorussie, comme la Roumanie ou la Bulgarie. L’objectif sera de recrédibiliser la dissuasion de l’OTAN sur son flanc est », explique Joseph Henrotin, qui précise ne pas s’attendre pas à une intervention de l’OTAN en Ukraine.

Dans ce bras de fer entre le Kremlin, l’Ukraine, l’OTAN, les USA et l’Union Européenne, Vladimir Poutine demande que l’Ukraine ne fasse pas partie de l’OTAN, que la politique d’agrandissement de l’OTAN cesse, qu’il n’y ait aucun déploiement d’armes offensives à proximité des frontières russes ou encore que les positions de l’Alliance dans les républiques de l’ex-URSS se retirent. Face à ces nombreuses revendications, Poutine a-t-il des chances de gagner sur toute la ligne? "Un État ne peut pas adhérer à l’OTAN s’il a des problèmes frontaliers avec un voisin. Donc si les États membres suivent leurs propres statuts, ils ne peuvent pas accepter l’Ukraine dans leurs rangs. Au-delà de ça, quand on parle d’une base, c’est quoi? Un relais radio ou trois divisions à la frontière? Les Russes peuvent parfois jouer sur les mots. Par ailleurs, l’OTAN a ses propres priorités par rapport à la défense de ses États membres. Poutine ne pourra pas empêcher le déploiement de forces de défense en Roumanie, qui a des forces relativement faibles et qui est en contact géographique avec la Moldavie, un pays dont la relation avec les Russes est également complexe."

Un conflit qui pourrait durer encore longtemps

En cours depuis 2014, ce conflit est loin d’être gelé et connaît actuellement une phase de pic. Dès lors, face à la complexité de la situation, peut-il encore tenir sur la durée? "Il y a constamment des rotations de bataillon. Les soldats se relayent et ce jeu-là peut durer longtemps. Ensuite, la configuration géographique elle-même fait qu’on ne pourra pas déplacer l’Ukraine. Son armée est relativement faible et elle ne peut pas complètement renverser la situation, tandis que l’organisation russe se renforce. L’Ukraine va être prise entre deux et sera forcée de réformer son armée », analyse Joseph Henrotin.

Face à ce pic de tension, la crainte de la plupart des observateurs, c’est que le conflit dégénère encore un peu plus. "On pourrait assister à des opérations militaires. Est-ce que ce serait l’invasion de l’intégralité de l’Ukraine? Non, car les Russes n’ont pas suffisamment de forces pour cela. Par contre, si on parle de l’annexion des républiques séparatistes, c’est tout à fait possible."

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