Ukraine: l’Europe va dégainer son «arme nucléaire économique» contre la Russie

En réponse à l’invasion de l’Ukraine, l’Occident veut faire de Moscou un « paria économique et financier mondial ».

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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 26 février @BELGAIMAGE

Alors que l’armée russe ravage l’Ukraine, l’Occident lui oppose un front uni, et a dégainé des sanctions économiques inédites. D’abord, en punissant directement Vladimir Poutine ainsi que de nombreux oligarques, par un gel de leurs avoirs hors du pays ; ensuite en restreignant l’accès des banques et entreprises russes aux marchés financiers européens, et en limitant les ventes et les transferts de technologies dans certains secteurs stratégiques.

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Surtout, les Etats-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni annoncent vouloir utiliser, au moins en partie, leur « arme nucléaire économique » : débrancher certaines banques russes du système d’information financière Swift. Essentiel aux échanges commerciaux internationaux, Swift permet l’envoi sécurisé de messages financiers. Pour les banques, Swift est comparable à Gmail ou Hotmail pour les particuliers ; c’est une messagerie dont on peut difficilement se passer.

Casser l'économie russe

L’objectif premier des sanctions occidentales n’est pas de convaincre Poutine de se retirer d’Ukraine, mais s’inscrit davantage sur le long terme : « Ces sanctions vont accroître les coûts d’emprunt de la Russie, augmenter l’inflation et éroder progressivement la base industrielle du pays », a assuré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Reste à voir si entamer le pouvoir d’achat des Russes ferait infléchir leur président, lui qui n’a pas vraiment l’habitude de rendre de comptes à sa population.

Pour les Européens, l’essentiel sera d’éviter au maximum l’effet boomerang, puisque de son côté, le maitre du Kremlin a également une batterie de contre-sanctions à opposer. On se souvient de l’embargo russe sur les produits agricoles européens, après l’annexion de la Crimée en 2014. Et la mainmise de Poutine sur le robinet du gaz-40% des importations gazières européennes viennent de Russie- est dans les têtes de toutes les chancelleries du continent.

"Conséquences jamais connues"

Dimanche, Poutine a annoncé mettre en alerte la "force de dissuasion" de l'armée russe, qui comprend une composante nucléaire. Lors de son entrée en Ukraine, il avait déjà esquissé les contours du rapport de force, et prévenait qu’en cas d’intervention militaire occidentale, « la réponse de la Russie sera immédiate et conduira à des conséquences que vous n’avez encore jamais connues ». Une allusion à peine voilée, à la bombe atomique (la vraie).

Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, a répliqué, soulignant que l’Otan était aussi « une alliance nucléaire », tout en disant privilégier la voie des sanctions économiques. Manière de rappeler qu’à l’ère de l’arme nucléaire, une guerre autre qu’économique ne peut avoir véritablement de gagnant.

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