
Accueil des réfugiés ukrainiens: «Un test pour l'Europe»

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a affirmé que 4 millions de migrants pourraient quitter l'Ukraine d'ici quelques semaines. Un réel défi pour l'Europe, mais aussi pour la Belgique où le gouvernement fédéral a précisé le cadre de l'accueil de ces réfugiés. Chez nous, la solidarité s'est déjà manifestée et quelque 300 familles belges ont déjà déclaré être disponibles pour accueillir des migrants.
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Mais l'Europe est-elle assez forte face à ce flux migratoire assez important? "L'Europe va devoir faire le nécessaire", assure Sammy Mahdi. "On est confronté à un pays qui est à la frontière européenne où il y a des bombes qui tombent chaque jour. Ces personnes qui quittent leur pays, ce premier pas qu'elles font se trouve immédiatement dans l'Union européenne. On doit donc faire le nécessaire au niveau diplomatique, au niveau militaire mais aussi au niveau de l'accueil. La question de 'si on va le faire' ne se pose pas, il faut le faire."
Mais comment va-t-on faire? "Ce qu'on va essayer d'adopter tout à l'heure, c'est assez historique", précise notre invité, avant de détailler. "Il y a la possibilité d'avoir une protection temporaire automatique qui est donnée aux Ukrainiens, c'est-à-dire qu'ils ne passent pas par la procédure d'asile en attendant de savoir s'ils peuvent rester ou pas. C'est une protection temporaire d'un an, renouvelable à deux reprises donc jusqu'à deux ans au total. Pourquoi cette mesure n'a-t-elle jamais été adoptée auparavant? C'est parce qu'elle a été créée après les guerres en ex-Yougoslavie, pour des pays à la frontière européenne car les personnes confrontées à de tels conflits, quand elles fuient, le premier pays dans lequel elles arrivent, c'est forcément l'Union européenne. Pour éviter qu'il y ait une crise majeure au niveau de l'asile, il faut donc donner une protection directe."
Quand on lui demande s'il ne s'agit pas d'un "deux poids deux mesures", le secrétaire d’état à l’Asile et à la Migration réfute. "C'est certes une exception, comme par exemple la Turquie l'a faite en 2015 pour la Syrie car les pays sont frontaliers. Mais sinon pour tous les autres demandeurs d'asile qui entrent dans l'Union européenne, il y a des procédures d'asile qui existent et on contrôle si la personne a réellement besoin de protection internationale ou pas. Et par rapport à cela, les choses se font. Pour moi ce n'est donc pas un deux poids deux mesures. Aujourd'hui en Belgique, on a dans notre réseau d'accueil plus de 31.000 places et des demandeurs d'asile qui entrent dans les procédures et qui doivent attendre de savoir s'ils peuvent rester ou pas, parce qu'on doit contrôler s'ils ont vraiment une nécessité de protection internationale ou pas."
"La vague d'aujourd'hui est plus importante que celle de 2015"
Pour Sammy Mahdi, "la vague d'aujourd'hui est plus importante que celle de 2015", que l'Europe avait à l'époque eu beaucoup de difficultés à gérer. Pour lui, cette nouvelle crise constitue donc un vrai "test pour l'Europe". "En 2015, on était à 1,3 million de réfugiés syriens sur les territoires européens sur l'espace d'une année. Ici, en une semaine de cette crise, on est déjà passé à un million de réfugiés. Ca nous donne une idée de l'ampleur de cette crise humanitaire et le fait qu'il y a une importance à bien coordonner les choses au niveau européen. C'est la raison pour laquelle le Conseil au niveau européen de ce jeudi, où je représenterai la Belgique, sera tellement important. Pour essayer premièrement qu'on adopte cette directive-là, mais surtout qu'on démontre qu'on a enfin une politique migratoire européenne", conclut-il.