Quels sites de fact-checking consulter sur la guerre en Ukraine?

Pour contrer les fausses informations, qu'elles soient russes ou ukrainiennes, plusieurs médias ont mobilisé leurs rédactions pour vérifier les faits.

Drapeaux russe et ukrainien
Drapeaux russe et ukrainien, le 28 février 2022 en Biélorussie @BelgaImage

Depuis le début de l'invasion russe fin février dernier, la guerre d'Ukraine fait tous les jours la une de l'actualité. En parallèle, comme nous vous l'expliquions dans un autre article, le Kremlin se démène pour justifier ce qu'elle qualifie d'«opération spéciale». Des propos souvent trompeurs et parfois retransmis par les réseaux sociaux et des sites non-professionnels où la désinformation prospère. Parfois, il arrive également que des Ukrainiens créent eux aussi de fausses informations. Les sites de fact-checking ont donc fort à faire sur le sujet. Une tâche d'autant plus compliquée que des faux sites de vérification ont vu le jour, comme «War on Fakes» qui relaye à la place la propagande russe. Petit tour d'horizon de quelques sources à consulter pour démêler le vrai du faux.

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AFP Factuel

En français, l'un des principaux sites reconnus en la matière, c'est l'AFP factuel, géré par une équipe de quelques journalistes de l'agence de presse AFP (basés à Paris, Bruxelles et Dakar). Avec le conflit russo-ukrainien, une page spéciale a été créée sur cette thématique. S'y trouvent des analyses de plusieurs fausses informations qui circulent en ligne. C'est le cas d'une vidéo censée prouver que l'Ukraine paie des acteurs pour pour jouer des civils victimes de bombardements russes, alors qu'il s'agit du tournage d'une série réalisée en 2020. Autre exemple: il n'existe pas de photo prouvant que la femme du président ukrainien a fui son pays en se pavanant à Nice! Et si l'armée russe est coupable de bombardements meurtriers et de catastrophes humanitaires dans des villes comme Marioupol, un char écrasant une voiture (accidentellement et non volontairement) a été faussement présenté comme étant russe. De nombreuses autres soi-disant informations circulent aussi sur les présidents russe et ukrainien. Sur une photo, ce dernier porterait un t-shirt avec une croix gammée. Encore faux, puisqu'il s'agit d'un montage! Enfin, non, l'OTAN n'a rompu aucun accord contraignant et formel prévoyant qu'elle n'étendrait pas ses frontières à l'Est, comme l'attestent plusieurs chercheurs interrogés par l'AFP Factuel. Ce qui n'a pas empêché des candidats à la présidentielle française comme Marine Le Pen, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon de critiquer l'OTAN pour ce supposé motif. Par contre, la Russie s'était bien engagée à respecter la souveraineté de l'Ukraine, alors que l'OTAN n'a jamais accepté l'Ukraine dans son programme de pré-adhésion.

«Vrai ou fake»

France Télévisions a pour sa part créé une rubrique intitulée «Vrai ou fake» dédiée à vérifier telle ou telle information. Des articles souvent accompagnés de vidéos, parfois provenant de l'émission d'Arte «Désintox» qui a la même mission. L'un d'eux décortique ainsi la propagande russe, qui accuse par exemple l'Ukraine de génocide envers les russophones. Il apparaît aussi que Moscou se plaît à qualifier son «opération spéciale» comme ayant pour but de «dénazifier» l'Ukraine. Pourtant, si l'armée ukrainienne a bien recruté un régiment pro-nazi (connu sous le nom d'Azov), il y est tout à fait minoritaire (environ 4.000 militaires sur un total de près de 250.000). Le président Zelensky, juif et russophone, est loin d'être néo-nazi et le seul parti ukrainien d'extrême-droite, Svoboda, n’a récolté que 2,15% des voix lors des dernières élections et n'a qu'un député au Parlement. France Télévisions montre aussi comment et pourquoi les antivax deviennent aujourd'hui souvent des porte-voix du Kremlin. Côté ukrainien, de fausses informations circulent aussi, comme lorsque le président Zelensky accuse à tort les Russes d'avoir bombardé le site de Babi Yar, où plus de 33.000 juifs ont été massacrés en 1941, ou quand certains militaires ukrainiens auraient fait soi-disant preuve d'héroïsme face à l'ennemi.

Les Décodeurs

Plus didactique: les Décodeurs du Monde ont créé une page spéciale dédiée aux infox sur la guerre d'Ukraine. Y sont répertoriés une grosse trentaine d'exemples de désinformation, en photo ou en vidéo. Exemple avec des images supposées montrer le président Zelensky tirer avec des pistolets-mitrailleurs sur des députés, dans ce qui serait ici un clip de campagne. Il s'agissait en réalité de la scène d'une série à laquelle il a participé, quand il était acteur et humoriste. Le camp ukrainien n'est pas épargné, comme lorsqu'il relaye la photo de sa «première pilote de chasse ukrainienne», annoncée morte au combat. Problème: la fille présente sur la photo n'est ni décédée, ni la «première pilote de chasse ukrainienne».

«Checknews»

Le journal français Libération a lui aussi sa propre unité de fact-checking, dénommée «Checknews». Ici, pas de page spécialement dédiée à l'Ukraine mais quand même une belle série de recherches menées sur le sujet. Un de ces articles se penche par exemple sur l'importance réelle du régiment Azov. Les déclarations de Vladimir Poutine et de Volodymyr Zelensky sur Emmanuel Macron sont également décortiquées.

EDMO

Pour consulter l'une des sources les plus complètes sur le sujet, il faut toutefois quelques notions d'anglais. Cela permet de se rendre sur le site de l'EDMO (European Digital Media Observatory). Créé par l'École de la gouvernance transnationale, elle-même membre de l'Institut universitaire européen (IUE) basé à Florence, cet observatoire a établi une très longue liste reprenant toutes les fausses informations repérées sur la guerre d'Ukraine par les médias européens. Ce répertoire est une véritable mine d'or. Parmi les très nombreux exemples que l'on peut donner, on trouve une vidéo montrant le président Zelensky faire le salut nazi. En réalité, il s'agit d'un extrait d'un sketch, lorsqu'il était humoriste. À l'inverse, il est montré à tort comme étant sur le champ de bataille alors qu'il s'agit d'anciennes photos datant d'avant la guerre.

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