
Boutcha: des communications russes accablantes interceptées

Une enquête sur les circonstances de la mort de personnes habillées en vêtements civils, retrouvées mortes à Boutcha par les autorités ukrainiennes après le retrait de l'armée russe, est «la prochaine étape», a déclaré jeudi un haut responsable de l'Onu lors d'un déplacement dans cette ville proche de Kiev.
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"Le monde est déjà profondément choqué", a affirmé Martin Griffiths, le secrétaire général adjoint de l'Onu pour les Affaires humanitaires, à un responsable de la mairie de Boutcha, assurant que "la prochaine étape est de mener une enquête". Le diplomate britannique, en pantalon et t-shirt noirs, est arrivé à Boutcha vers 13h00 GMT (15h00 HB) accompagné d'Amin Awad, coordinateur des Nations unies pour la crise en Ukraine, selon un journaliste de l'AFP sur place. Ils se sont rendus devant la mairie, quelques minutes après que le drapeau ukrainien a été hissé sur le toit du bâtiment officiel pour la première fois depuis l'occupation de la ville par les Russes.
M. Griffiths a échangé avec un responsable de la mairie avant d'aller à pied jusqu'à la fosse commune creusée par les Ukrainiens près de l'église face à l'afflux de corps, a constaté l'AFP. Il y a échangé pendant vingt minutes avec un responsable local qui lui a notamment expliqué comment des civils avaient été tués ces dernières semaines.
Des communications accablantes interceptées
Les services de renseignement allemands (BND) ont enregistré des communications radio de soldats russes dans lesquelles ils évoquent les exactions commises à Boutcha, affirme jeudi le magazine der Spiegel. Le contenu de certains échanges correspond aux photos de cadavres retrouvés à Boutcha, selon la même source.
Des responsables du BND ont informé des députés de ces conversations interceptées, poursuit der Spiegel, pour qui ces enregistrements viennent contredire la version livrée par Moscou selon laquelle les cadavres de personnes en vêtements civils trouvés à Boutcha y ont été placés après que les troupes russes ont évacué les lieux. Ainsi, dans l'un des messages radio évoqué par der Spiegel, un soldat explique à un autre que lui et ses collègues ont abattu une personne à vélo. Or, la photo d'un cadavre couché sur son vélo a fait le tour du monde et des journalistes de l'AFP ont vu ce cadavre ainsi que ceux d'une vingtaine d'hommes habillés en civil en parcourant l'une des plus longues artères de Boutcha.
Dans un autre message radio, un homme affirme : "On interroge d'abord les soldats, puis on les abat". Ces messages confirment également que des mercenaires russes du groupe Wagner en Ukraine auraient participé à ces exactions, poursuit le magazine. "Les soldats parlaient des atrocités comme de leur vie quotidienne", écrit-il, assurant que ces exécutions n'ont pas été commises de façon accidentelle par des soldats russes agissant sans ordre.
Ces découvertes ne se limitent pas à Boutcha. A Motijine, à 50 kilomètres à l'ouest de Kiev, l'AFP a vu quatre corps à demi-enterrés dans une fosse creusée en forêt. Parmi eux, la maire de ce village, son mari et son fils qui avaient disparu. Le gouvernement allemand avait estimé mercredi que la position russe selon laquelle la mort des civils relevait d'une mise en scène n'était "pas tenable" au vu des images satellites qui ont été diffusées. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié ces meurtres de "pires crimes de guerre" depuis la Seconde Guerre mondiale et de "génocide". Les Occidentaux ont de leur côté annoncé un renforcement des sanctions à l'encontre de Moscou.