
Présidentielle: «Cette volonté de faire barrage à Macron a servi Le Pen»

Au lendemain du premier tour de la présidentielle française, Dorian de Meeûs, rédacteur en chef de La Libre Belgique, est revenu sur le duo Macron-Le Pen, qui s'affrontera lors du deuxième tour de l'élection, le 24 avril prochain. Pour lui, si l'extrême-droite a récolté plus de 30% des voix lors du scrutin, c'est avant tout parce que les électeurs français se trouvaient dans une "logique de vote utile". Il s'est expliqué: "Si vous vouliez éliminer Macron, il fallait voter Le Pen, et si vous vouliez éliminer Le Pen, il fallait voter Mélenchon. Ce qui fait que Pécresse est passée à la trappe, que Zemmour a perdu des voix, que Hidalgo se ridiculise complètement et Yannick Jadot n'existe pas, avec moins de 5% des votes". "Il y a une volonté de faire barrage à Macron", a-t-il résumé, et cela "a servi Le Pen". Pour rappel, le président a récolté 27,6% des voix, et la candidate du RN 23,41%.
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Pour Dorian de Meeûs, Marine Le Pen n'a d'ailleurs jamais été aussi proche de décrocher la présidence de la France. Notamment car on ne se trouve plus dans la même situation qu'en 2017, où Macron et Le Pen s'étaient déjà affrontés au deuxième tour. "On est dans une situation où l'anti-macronisme est important, et avec un candidat sortant qui doit trouver un nouvel élan", a affirmé le rédacteur en chef, qui annonce un second tour très serré. Si Emmanuel Macron a obtenu un bon score dans les urnes, "il va falloir maintenant dénoncer le danger que représenterait Le Pen à la tête de la France", a encore avancé Dorian de Meeûs. C'est pourquoi le président va devoir se montrer "offensif" dès aujourd'hui: "Il ne peut pas donner l'impression que c'est gagné [...] On a un président qui a enjambé le premier tour, mais là il va devoir mouiller la chemise dès ce matin". "Il doit d'abord rappeler la vraie nature de Marine Le Pen sur le plan européen, dénoncer les risques du programme de Le Pen sur la France, car on ne parle pas d'un programme modéré comme l'image qu'elle a voulu donner".
Concernant Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième avec 21,95% des votes, va-t-il pouvoir incarner LE personnage de gauche en vue des élections législatives de juin ? "Il va pouvoir affirmer 'C'est moi qui représente la gauche aujourd'hui, qui suis le leader incontesté'. Mais entre le dire et le faire, c'est différent", a analysé Dorian de Meeûs. "Il va falloir voir s'il y parvient". S'il a souligné le bon score du candidat de gauche, le rédacteur en chef de La Libre est aussi revenu sur le rôle de l'abstentionnisme dans les résultats de ce premier tour de la présidentielle. 25% des Français ont fait le choix de ne pas se rendre aux urnes. "C'est mieux qu'en 2002 (28,4% d'abstention, ndlr), mais ça montre qu'on n'a pas d'élan politique, pas de projets qui donnent envie, de mesures phares. Il y a des gens qui ne croient plus en rien, il va falloir donner l'envie d'y croire aux citoyens, donner l'envie de se déplacer pour voter". Ce qui va être le défi d'Emmanuel Macron et Marine Le Pen pour le second tour.