Présidentielle française: l'analyse de Pascal Delwit

Au lendemain de la victoire de Macron à la présidentielle française, Pascal Delwit, professeur de science politique à l’ULB, revient sur le verdict et son discours.

Pascal Delwit sur DH Radio

Le sujet du jour a évidemment été l’analyse de ce second tour de l'élection présidentielle française que le président sortant Emmanuel Macron (LREM) a remporté dimanche soir, réunissant plus de 58% des suffrages.

"La France est très divisée, très polarisée. On a une société très fragmentée où le sentiment d’hostilité et de haine de l’autre est très présent", a débuté Pascal Delwit, soulignant à la fois "un vote très anti-Macron et très anti-Le Pen."

"Cette idée de la France est de plus en plus floue", embraye Jean-Marc Gheraille, rédacteur en chef de la DH. "Les camps les plus extrêmes avec les discours les plus durs reçoivent beaucoup d’écho: Mélenchon, Marine Le Pen, Eric Zemmour. Tandis que dans le même temps, le phénomène Macron de 2017 s’est quelque peu effrité, la faute à son bilan."

Discours peu éclairant de Macron

Après sa victoire, le président réélu a tenu un discours "humble et modeste". "Emmanuel Macron a eu un discours de soulagement mais peu éclairant sur l’avenir, peu éclairant sur ce qu’il va faire aux législatives et sur les grandes orientations de son quinquennat", analyse Pascal Delwit. "Macron a une approche plus modeste qu’en 2017, indubitablement."

"Il faut voir si c’est juste une posture qu’il prend juste après sa réélection ou s’il y a vraiment un changement dans son approche du peuple français. Ces dernières semaines dans sa campagne, il nous a fait du ‘Je vous ai compris’. Il va devoir traduire cela désormais avec une série de gestes, sans quoi les législatives risquent d’être très compliquées pour son parti."

Les législatives prévues le 12 et 19 juin peuvent-elles accoucher d’un tel score pour Rassemblement National? Pascal Delwit estime que "ce sera dur" car le parti bénéficie d’une "mobilisation moins forte dans ces élections législatives". "Traditionnellement, ces législatives montrent un effet de confirmation pour le parti du président, un parti qui apparaît très évanescent par rapport au président lui-même."

L’extrême droite à l’Elysée? "Rien n’est à exclure"

Avec 42% des voix, Marine Le Pen a souligné ce résultat comme "une éclatante victoire". Avec environ 13 millions de voix en sa faveur, jamais autant d‘électeurs français n’avaient autant plébiscité l’extrême droite et les thèmes qu’elle a mis en avant tout au long de la campagne.

L’extrême droite pourra-t-elle un jour accéder à l’Elysée? "Electoralement, quand on regarde l’Europe et les Etats-Unis depuis une dizaine d’années, on n’exclut aucun scénario", avance Pascal Delwit. "Cela va dépendre de la reconstitution du paysage politique français. Si un jour, il y a une alliance LR, Rassemblement National et/ou Eric Zemmour et Marion Maréchal, rien n’est à exclure."

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