Les USA condamnent la déclaration de Moscou sur la 3e Guerre mondiale

Washington s'indigne de voir la Russie parler de la menace d'une Troisième Guerre mondiale, alors que cette perspective paraît en l'état irréaliste.

Lloyd Austin en Allemagne
Lloyd Austin, secrétaire d’État américain à la Défense, à Ramstein (Allemagne) le 26 avril 2022 @BelgaImage

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a vivement critiqué le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Ce dernier avait déclaré qu'il y avait un danger «réel» d'une Troisième Guerre mondiale.

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«Personne ne veut voir une guerre nucléaire se produire»

«Nous l'avons dit à plusieurs reprises, ce genre de rhétorique est très dangereux et non bénéfique», a déclaré Austin après une réunion internationale à la base militaire américaine de Ramstein. «Personne ne veut voir une guerre nucléaire se produire. Une rhétorique dangereuse n'est clairement pas propice. C'est quelque chose dans lequel nous ne nous impliquerons pas».

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait auparavant déclaré qu'il existait un «véritable» danger d'une Troisième Guerre mondiale. «Le danger est sérieux, il est réel, il ne faut pas le sous-estimer», a déclaré M. Lavrov dans une interview à la télévision russe partagée par le ministère des Affaires étrangères sur sa chaîne Telegram lundi soir. Cependant, la Russie trouverait une telle guerre intolérable, dit-il. La Russie veut aussi réduire les risques «artificiels» de guerre nucléaire.

Lavrov a poursuivi en disant qu'un accord sera de toute façon conclu avec l'Ukraine, mais que le contenu de cet accord dépendrait de la situation militaire. Selon le ministre des Affaires étrangères, Kiev ne fait que «faire semblant» de négocier. «La bienveillance a des limites. Si ce n'est pas réciproque, cela n'aide pas le processus de négociation», a déclaré Lavrov . Le président ukrainien Volodimir Zelensky serait «un bon acteur» selon le ministre. «Mais si vous vous concentrez sur ce qu'il dit, il se contredit des milliers de fois». Malgré cela, il dit que la Russie poursuit ses pourparlers de paix avec l'Ukraine.

Interrogé par la RTBF sur l'utilisation par Lavrov de cette rhétorique sur une guerre mondiale, Thierry Braspenning-Balzacq, professeur en sciences politiques à l’UNamur, estime que «cette déclaration s’inscrit en fait dans une trame narrative», avec une Russie qui n'a pas réussi à atteindre ses objectifs en envahissant l'Ukraine. «La dissuasion ne se fait pas seulement par des actes, elle se fait aussi par le discours. Il s’est toujours agi, du côté russe, d’essayer de dissuader les Occidentaux ou toute autre partie, d’aller au-delà de ce qu’elles font en Ukraine. Mais je pense aussi que cela peut trahir la fébrilité russe. Dans la mesure où la Russie ne s’attendait absolument pas à une résistance ukrainienne aussi forte», analyse-t-il. Pour lui, seule une attaque russe dans un pays comme la Pologne serait susceptible de déclencher une «guerre mondiale», pas une attaque en Ukraine. Mais cela reviendrait à une forme de «suicide» pour la Russie, son armée n'étant déjà pas capable de soumettre Kiev.

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