«Sang juif»: la réaction d'Israël en dit long sur sa relation avec la Russie

Le gouvernement israélien a réagi prudemment aux comparaisons douteuses de Sergueï Lavrov à Moscou. La preuve que la diplomatie est un jeu délicat dont la partie ukrainienne n’est pas terminée.

Sergueï Lavrov
Sergueï Lavrov ©BelgaImage

Russie

Les provocations du ministre
Le Kremlin a initialement justifié la guerre en Ukraine par la volonté de destituer la “junte nazie” qui gouverne le pays. Début mai, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a franchi le pas de trop: il a rappelé le fait que le président Volodymyr Zelensky était juif, mais en soulignant qu’Adolf Hitler avait lui aussi “du sang juif”. Une comparaison futile et de toute façon historiquement infondée.

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Les excuses oubliées du président
Vladimir Poutine se serait, selon le bureau du Premier ministre israélien, excusé des propos de son chef de la diplomatie. Le Kremlin n’a toutefois pas fait mention de ces excuses. Le communiqué précise simplement le fait que les deux dirigeants ont évoqué la “mémoire historique” de l’Holocauste.

L’influence populaire
Poutine a de sérieux arguments face à Israël. Une large part (environ 15 %) de la population de l’État hébreu est composée de ressortissants de l’ex-URSS. Cette proximité met Israël en délicatesse face à Moscou, en manque d’alliés.

Les intérêts d’abord
La Russie a d’autres arguments. Si Israël préfère rester neutre, c’est entre autres raisons parce que Moscou commande la principale force en Syrie empêchant l’expansion iranienne, contraire aux intérêts israéliens dans la région.

Israël

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Un parallèle impardonnable
Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a évidemment bondi. Il a rappelé qu’“aucune guerre n’est compa­rable à la Shoah”. Il a ensuite ajouté: “L’utilisation du génocide juif comme outil politique doit cesser immédiatement”.

Excuses acceptées… pour le moment
Le Premier ministre a accepté les excuses du président Poutine pour les remarques de Lavrov et l’a remercié d’avoir mis au clair son attitude concernant le peuple juif et la mémoire de l’Holocauste”, a indiqué le cabinet du Premier ministre Naftali Bennett. Fin de l’histoire? Pas vraiment. Zelensky demande désormais à Israël de ­clarifier sa position dans le conflit ukrainien.

Clarifier sa position
Rappelons tout de même qu’Israël a soutenu la résolution des Nations unies dénonçant la guerre en Ukraine. Le pays refuse cependant de se joindre à plusieurs sanctions économiques appliquées par l’Union européenne et les États-Unis.

Un pas de plus
Depuis le début de la guerre, Israël a une position ­distanciée en raison d’intérêts à Kiev et à Moscou. Israël fait également l’objet de pressions américaines qui ­portent leurs fruits. Le pouvoir israélien envisage pour la première fois d’envoyer des équipements défensifs à l’Ukraine à titre symbolique. Comment réagira ­Moscou? Probablement avec prudence… à condition que le matériel soit suffisamment anodin.

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