Biden peut-il gagner la guerre contre le lobby des armes ?

Le président américain Joe Biden a appelé à « affronter le lobby des armes », après la fusillade dans une école d’Uvalde (Texas), qui a fait 21 victimes, dont 19 enfants.

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Joe Biden, le 24 mai 2022 à la Maison Blanche @BELGAIMAGE

C’est un cauchemar récurrent. Oxford, Michigan, 30 novembre 2021 : 4 élèves tués, 6 blessés. Santa Fe, Texas, 18 mai 2018 : 10 morts, 10 blessés. Parkland, Floride, 14 février 2018 : 17 morts, dont une majorité d’adolescents. Une liste presque sans fin de fusillades en milieu scolaire, et qui vient encore de s’allonger. Mardi, Salvador Ramos, 18 ans, a fauché sous ses balles 21 personnes, dont 19 enfants, dans une école primaire d’Uvalde, au Texas.

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«Cela ne se passe nulle part ailleurs qu’ici, aux Etats-Unis, et c’est un choix», s’est désespéré le sénateur américain Chris Murphy, après la tuerie. Le Démocrate sait de quoi il parle: il représente l’Etat du Connecticut, à jamais marqué par la fusillade de Sandy Hook, le 14 décembre 2012, quand un jeune de 20 ans avait tué 26 personnes, dont 20 enfants. «C’est notre choix de laisser cela se produire», a appuyé Chris Murphy, suppliant ses collègues du Congrès de trouver un compromis pour passer une loi nationale ambitieuse sur la question.

Selon une estimation du Washington Post, plus de 300 000 enfants auraient été exposés directement – comme victimes physiques ou témoins traumatisés – à une fusillade dans une école depuis la tragédie de Columbine, en 1999.

La NRA en ligne de mire

«Quand pour l’amour de Dieu allons-nous affronter le lobby des armes?», a réagi de son côté Joe Biden. "Ne me dites pas que nous ne pouvons pas avoir d’impact sur ce carnage», a lancé le président américain, à propos du fléau des morts par armes à feu aux Etats-Unis. En 2020, les Centres de contrôle et de prévention des maladies dénombraient aux USA 45.000 décès liés aux armes à feu. «Les fabricants d’armes ont passé deux décennies à promouvoir avec agressivité les armes d’assaut qui leur procurent les plus importants profits», a dénoncé Joe Biden.

Jusqu’ici, le président s’est montré impuissant à brider l’influence du «lobby des armes», la National Rifle Association (NRA) en tête. Crée en 1871- c’est la plus vieille association de défense de droits civiques des Etats-Unis- la NRA était à l’origine une organisation regroupant des chasseurs et des amateurs de tirs. Depuis les années 1970, la NRA lutte activement pour la défense du deuxième amendement de la Constitution des Etats-Unis. Celui-ci affirme que «le droit de chacun de posséder et de porter une arme ne doit pas être enfreint, pour ce qu’une milice bien organisée est nécessaire à la sécurité d’un État libre».

La NRA pèse lourdement lors des campagnes électorales, et n’hésite pas à diffuser des publicités contre les candidats soupçonnés de vouloir revenir sur le second amendement de la Constitution. En 2016, la NRA avait dépensé environ 10 millions de dollars pour soutenir la campagne Trump et quelque 20 millions pour attaquer celle d'Hillary Clinton. Son budget annuel se compte en centaines de millions de dollars.

Blocage au Congrès

Après chaque fusillade, la question du port des armes aux États-Unis revient sur la table. Jusqu’ici, sans changement majeur dans la législation. En avril 2021, le dirigeant démocrate avait dévoilé un plan contre «l’épidémie», selon ses propres termes, de la violence par armes à feu. Mais Joe Biden ne s’est contenté pour l’instant que de micro-mesures, comme la régulation des « ghosts guns » (ou « armes fantômes »), ces armes ne possédant aucun numéro de série, donc intraçables et pouvant être achetées en kit ou imprimées en 3D.

Rien ne dit qu’il pourra faire beaucoup plus, vu sa faible marge de manœuvre parlementaire, face à de nombreux élus-majoritairement républicains- opposés à toute régulation des armes à feu. «Il ne peut changer les choses que s'il a une majorité très solide au Congrès. Très solide pourquoi ? Parce non seulement il faut 51% des représentants à la Chambre, mais il faut 60% des sénateurs pour faire passer la majorité des textes de loi qui, par exemple dans le cas des armes, permettraient de faire passer une réforme significative. Et ça, aujourd'hui, pour Joe Biden, c'est tout simplement impossible à obtenir de la façon dont les républicains ont structuré le paysage politique et structuré les règles électorales américaines», balisait pour FranceInfo Soufian Alsabbagh, spécialiste de politique intérieure aux États-Unis.

Le leader des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a annoncé son intention de mettre au vote dès ce jeudi un texte renforçant les vérifications avant toute acquisition d’armes. Le procureur général du Texas, le Républicain Ken Paxton, a quant à lui avancé sur Newsmax une solution régulièrement proposée par son camp pour faire cesser les massacres dans les écoles : armer les instituteurs…

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