

La première audience en prime time de la commission spéciale de la Chambre des représentants chargée d'enquêter sur le 6 janvier a présenté des images déchirantes de l'insurrection, ainsi qu'une série de témoignages visant à démontrer que l'attaque du Capitole était un bel et bien coup d'État planifié et fomenté par Donald Trump.
Après un an et demi d'enquête, le comité a cherché à souligner l'horreur de l'attaque et à tenir l'ancien président et ses alliés pour responsables. Voici les 5 éléments que nous retenons.
Présentant une vue d'ensemble de l'audition et de celles à venir, le président de la commission parlementaire spéciale, Bennie Thompson, et la vice-présidente, Liz Cheney, ont présenté leurs conclusions selon lesquelles la foule violente qui s'est abattue sur le Capitole n'était pas un événement spontané.
Les témoignages vidéo du procureur général de Donald Trump, de sa fille et d'autres alliés démontrent que l'ancien président travaillait à saper les résultats de l'élection de 2020 et à fomenter des réactions négatives. "Tout le jargon juridique que vous entendez sur la 'conspiration séditieuse', l''obstruction à une procédure officielle', la 'conspiration pour frauder les États-Unis' se résume à cela", a déclaré Thompson. "Le 6 janvier a été le point culminant d'une tentative de coup d'État. Une tentative effrontée, comme l'a dit un émeutier peu après le 6 janvier, de renverser le gouvernement. La violence n'était pas un accident. Elle représentait le dernier rempart de Trump, sa chance la plus désespérée d'empêcher le transfert de pouvoir."
Alors que Trump poursuivait ses mensonges selon lesquels la victoire lui avait été volée, sa propre administration et ses alliés ont admis que l'élection était légitime.
L'ancien procureur général William Barr a déclaré qu'il considérait que les affirmations de Trump sur une élection volée étaient des "conneries". Un avocat de la campagne Trump a déclaré à Mark Meadows en novembre "il n'y a rien là" pour étayer les affirmations de Trump sur une fraude électorale généralisée. Même Ivanka Trump, la fille du président, a déclaré que Barr l'avait convaincue que l'élection était légitime.
Les images graphiques et le témoignage déchirant de l'agent du Capitole Caroline Edwards, qui, en première ligne de défense contre la foule attaquante, a réitéré la terreur de l'insurrection.
Edwards a comparé la scène à une zone de guerre, disant qu'elle glissait sur le sang des autres alors qu'elle combattait les insurgés. "C'était un carnage. C'était le chaos. Je ne peux même pas décrire ce que j'ai vu", a-t-elle déclaré.
L'agent a été brûlée par un spray chimique déployé contre elle, et a subi une commotion cérébrale après qu'un porte-vélo ait été jeté sur elle. Les officiers et les législateurs qui ont assisté aux audiences ont eu les larmes aux yeux en revivant la violence de ce jour-là.
Alors que l'attaque était en cours et que la foule menaçait la vie du vice-président Mike Pence, Donald Trump et son équipe ont continué à travailler pour saper l'élection. Après que Pence a refusé de bloquer la certification de l'élection, Trump et ses partisans se sont retournés contre lui. L’ancien président a déclenché l'émeute par une série de tweets.
Et pendant que la foule criait "Pendez Mike Pence !", le comité a présenté des preuves que Trump a suggéré que ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée. "Mike Pence le mérite", a alors déclaré le président. Alors que la violence s'ensuivait, "l'équipe juridique de Trump, dans la salle de crise de l'hôtel Willard", a continué à tenter de renverser les résultats de l'élection, a déclaré M. Cheney.
Les images et le témoignage du cinéaste Nick Quested, l'un des deux témoins de l'audience, suggèrent que les Proud Boys avaient planifié l'attaque.
Le matin du 6 janvier, Quested a témoigné qu'il était confus de voir "quelques centaines" de Proud Boys s'éloigner du discours de Trump et se diriger vers le Capitole. La commission a laissé entendre que cela aurait pu leur permettre de repérer les défenses et les points faibles du Capitole.
Il est évident que le but premier de cette enquête est de susciter l’attention. De mettre en place une narrative qui condamne l’ex-président pour ses actes et de forger l’opinion publique.
Car selon une enquête du Pew Center publiée dans la foulée du 6 janvier 2021, 52 % des Américains estimaient que Donald Trump portait une large responsabilité dans les actes de violence. Un an plus tard, ce chiffre était tombé à 43 %. Au cours de cette période : ceux qui dédouanent entièrement l'ancien président sont passés de 24 % à 32 %.
Les raisons ? une certaine lassitude, des préoccupations quotidiennes très éloignées – l'inflation écrase tous les autres sujets – et enfin la désinformation organisée par les républicains et leurs relais médiatiques.
« Tout le monde dans le pays porte une part de responsabilité » pour le 6 janvier, expliquait jeudi Kevin McCarthy, le chef de file des républicains à la Chambre.
Ce n’est pas la première fois que la télévision jour une rôle clé sur la politique américaine. En 1973, elle forgea l'opinion publique sur le scandale du Watergate. Ce qui entrainera la chute de la présidence de Nixon, un an après. Les auditions de la commission sénatoriale s’étaient enchainées au fil de 51 journées de diffusion intégrale et passionnait l’Amérique.
La version 2022 est quelque peu différente. Le contexte n’est plus du tout le même. Les États-Unis font face à un paysage médiatique constamment chamboulé, les débats se polarisent et les idéologies dominent. Et concernant le 6 janvier, la presque totalité des faits est déjà connue. Ce n’est pas tant la vérité qu’il faut trouver finalement qui pose problème. C’est plutôt le désir de l’accepter qui est aux abonnés absents.