Elections législatives 2022: pourquoi la NUPES parle de «manipulation» des chiffres

La NUPES a dénoncé, après le 1er tour des législatives, une «manipulation» des résultats par le ministère de l'Intérieur. En cause: une différence d'étiquetage qui change l'issue du scrutin.

Elections législatives 2022: pourquoi la NUPES parle de «manipulation» des chiffres
© Belga Image

Après le premier tour des législatives en France ce dimanche, certains membres de la NUPES crient à la «manipulation des chiffres». Selon le ministère de l’Intérieur, le parti Ensemble! d’Emmanuel Macron remporte au total 5.857.561 voix, soit 25,75%, contre 5.836.202, soit 25,66%, pour la Nouvelle Union Populaire Ecologique et sociale. A peine quelque 20.000 voix de différence. 

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«Une manipulation de Darmanin» aux yeux de Manuel Bompard, ancien directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon. «Alors que la NUPES réalise 6.101.968 voix, soit 26,8%, le ministre de l’Intérieur ne lui attribue que 5.836.202 voix, soit 25,7%», écrit le candidat à Marseille sur Twitter. Il assure que le but est «de faire apparaître artificiellement le parti de Macron en tête», en appelant au Conseil d’Etat. 

https://twitter.com/mbompard/status/1536155056092872704?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1536155056092872704%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.huffingtonpost.fr%2Fentry%2Fresultats-des-legislatives-pourquoi-lfi-crie-a-la-manipulation_fr_62a6e009e4b06594c1cb00ee

Il est rejoint par nos confrères du Monde, qui placent aussi la nouvelle union de la gauche en tête en nombre de voix. Avec un calcul encore différent: le quotidien lui confère 26,1% des voix, contre 25,8% pour le parti du président. 

Comment expliquer ces scores différents? 

Si la différence de voix reste, dans tous les cas, relativement minime en regard du total, il en ressort que l'issue du scrutin change complètement: Ensemble! en tête dans un cas, la NUPES en tête dans l'autre.

Comme l’explique le Monde lui-même, les décomptes se basent pourtant «sur les mêmes chiffres». Et de préciser: «Mais la différence tient à l’étiquetage des partis et coalitions que nous avons retenus pour les candidats, qui peut différer légèrement de celui du ministère». Au départ, le ministère de l’Intérieur avait choisi de prendre en compte les partis d’origine des candidats (France insoumise, Parti socialiste, Europe Ecologie-Les Verts ou PC) et non la nouvelle alliance Nupes en diffusant la liste officielle des candidats à ces législatives. Le 7 juin dernier, l’Intérieur avait finalement été contraint par le Conseil d’Etat français à «comptabiliser la Nupes comme une nuance politique unique dans la présentation des résultats qui sera faite». 

Toutefois, poursuit le Monde, des différences existent toujours entre le classement du quotidien et le nouvel étiquetage de la place Beauvau. L’accord officiel de la gauche unifiée ne portait, en effet, pas sur les circonscriptions d’outre-mer. Mais dans une partie d’entre elles, à la Réunion ou en Polynésie notamment, les partis de gauche ont malgré tout choisi de présenter un candidat unique, à l’instar de l’accord conclu en Métropole. Partant du principe que ces candidats siégeraient, en cas d’élection, dans le même ensemble que les autres partis de gauche, le célèbre quotidien français explique les avoir intégrés dans l’ensemble Nupes pour le décompte. A la Réunion par exemple, Frédéric Maillot, candidat dans la 6e circonscription, est présenté comme «Divers Gauche» par le ministère de l'Intérieur, contre «Divers gauche NUPES» selon Le Monde. Résultat: une différence de quelque 5500 voix attribués, ou non, à la gauche unifiée. Au total, Le Monde recense ainsi 14 candidats de la NUPES de plus que le ministère de l’Intérieur. Le quotidien précise par ailleurs avoir appliqué le même procédé aux candidats d’Ensemble!.

C’est ce problème d’étiquetage qui conduit Manuel Bompard à dénoncer une «manipulation de Darmanin». L’ancien directeur de campagne de Mélenchon évoque ainsi 3 cas en métropole, pour un total de quelque 44.000 voix. A l’Intérieur, on se défend. «Ils parlent de gens qu’ils soutiennent maintenant alors qu’ils ne les soutenaient pas il y a deux jours», estime Christophe Castaner, interrogé par Franceinfo sur la question. «Ils voudraient les comptabiliser parce qu’ils les soutiennent maintenant. Tout cela n’est pas très sérieux», ancien ministre de l'Intérieur. Il assure ainsi que l’étiquetage de l’Etat tente de coller au plus près du terrain «en fonction des remontées et déclarations des candidats». Le président du groupe La République en Marche à l'Assemblée nationale appelle même à ne pas «rajouter du complot à la culture complotiste qu'on connaît dans la France Insoumise».

Le ministère de l’Intérieur a de son côté affirmé au Parisien que la liste des candidats Nupes lui a été fournie par la direction de campagne de NUPES le 8 juin. Précisant qu’aucun candidat outre-mer n’y figurait, malgré «une liste très complète». «La réalité est surtout symbolique. Les deux camps sont dans un mouchoir de poche» peu importe la classification, conclut le Monde. 

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