Avortement aux États-Unis: quand The Handmaid’s Tale devient (presque) réalité

La série The Handmaid’s Tale (La servante écarlate), basée sur le roman dystopique de Margaret Atwood, est plus que jamais une métaphore puissante de ce qui se passe pour les droits des femmes aux États-Unis.  Vendredi, la Cour suprême a décidé de révoquer le droit à l’avortement.

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Une manifestante habillée en « servante écarlate », à Boston, le 3 mai 2022@BELGAIMAGE

La saison 5 de The Handmaid’s Tale avant l’heure. Alors que le retour de la série dystopique est programmé à partir du 14 septembre, l’œuvre de Margaret Atwood résonne comme jamais avec l’actualité américaine. Vendredi 24 juin, la Cour suprême a mis fin à un arrêt de 1973, qui garantissait le droit à l’avortement pour toutes les femmes aux États-Unis. Une décision qui renvoie le pays à la situation en vigueur avant l’arrêt emblématique  «Roe v. Wade», lorsque chaque Etat était libre d’autoriser ou non les interruptions de grossesse.

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Dans la foulée, 13 États parmi lesquels le Texas ou la Louisiane, ont fait passer des lois interdisant l’IVG. À terme, on estime que le droit à l’avortement est menacé dans la moitié des 50 États. «Pour la moitié des Américaines, l'avortement va être quasiment ou complètement interdit», a expliqué à FranceInfo Nicole Bacharan, politologue et historienne, spécialiste des Etats-Unis. Une situation qui fait inévitablement penser à la série adaptée de l’œuvre de l’écrivaine canadienne Margaret Atwood.

Sur Twitter, la journaliste américaine Kate McCann a témoigné de son dégoût: «Cette décision ouvre la voie aux États d’interdire ou de restreindre drastiquement les avortements. Cela pourrait aussi mettre en péril les protections autour de la contraception, des relations et des mariages de même sexe. Quel moment sombre et déprimant de notre histoire. Je me sens mal. J’ai l’impression d’être dans The Handmaid’s Tale». D’autres internautes ont également réagi, soulignant avec ironie que la série devait être «un avertissement», «pas un mode d’emploi».

«Notre pays se rapproche un peu plus de Gilead»

Dans La servante écarlate (The Handmaid’s Tale, diffusée depuis 2017), la République totalitaire de Gilead a pris le pouvoir aux Etats-Unis. Face à la chute drastique du taux de fertilité, les chrétiens extrémistes qui la dirigent ont décidé de faire des rares femmes encore fertiles leurs esclaves destinées à assurer leur descendance.

June (incarnée par Élisabeth Moss), appartient à la classe des “servantes” vêtues d’un bonnet blanc et d’une cape rouge écarlate.  Les servantes sont déchues de leur statut de citoyenne et de tous les droits qui vont avec. Torturée, humiliée et violée, June est réduite à une fonction de génitrice pour l’un des couples les plus puissants de Gilead.

Depuis ses débuts en 2017, la Servante écarlate est devenue un symbole pour la lutte pour les droits des femmes dans le monde entier. En 2020, une proposition de loi dépénalisant l’IVG en Belgique était au centre d’une joute entre partis politiques. Des manifestantes déguisées en servantes écarlates avaient alors protesté contre «l’instrumentalisation» politique de la dépénalisation de l’avortement.

Les actrices et acteurs phares de la série ont, à plusieurs occasions, eux-mêmes pris position contre les lois anti-avortement votées dans plusieurs États américains. «C’est l’Amérique. C’est notre réalité. Ce n’est pas Gilead. Ce n’est pas The Handmaid’s Tale», alertaient-ils dans une vidéo tournée en 2019 en partenariat avec Planned Parenthood, l’équivalent américain du planning familial.28 États américains légiféraient alors pour réduire le droit à l’avortement.

« L’avortement doit être sans danger, légal et accessible. Les soins d’avortement sont des soins de santé. La santé des femmes est la santé(…). Quand nous commençons à restreindre l’accès à l’avortement, notre pays se rapproche un peu plus de Gilead. Et nous ne pouvons pas laisser cela arriver», prévenaient-ils.

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