
France: quand le port de la cravate divise l'Assemblée nationale

Des passes d'armes entre députés, des demandes de mise à l'agenda officiel: le débat fait rage à l'Assemblée nationale sur... la tenue des parlementaires, une question qui devient politique entre La France insoumise (LFI, gauche radicale) et la droite.
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La cravate: indispensable ou pas?
La présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet (LREM, majorité présidentielle) a tenté lundi de fermer le ban, en rappelant que les députés doivent porter une tenue «correcte», tout en refusant «d'exercer une police vestimentaire», faisant «confiance aux parlementaires». Depuis l'arrivée en force en juin des élus de l'alliance de gauche Nupes, cravates et costumes sont moins de mise. Les jeans, baskets, costumes sur T-shirt, voire T-shirts tout court fleurissent. Le président (ex-LR, droite) de la région Paca Renaud Muselier a critiqué la semaine dernière une «gauche sale, débraillée», s'attirant les foudres de ces élus, moins favorisés socialement qu'auparavant, et qui se revendiquent «à l'image du peuple».
Le port de la cravate a déjà sérieusement reculé dans le monde du travail et l'Assemblée, lieu pétri de rites et conventions, se met peu à peu à l'unisson. Certains insoumis hésitent au vu de leurs responsabilités. Comme Éric Coquerel, président de la commission des Finances, qui a porté l'attribut vestimentaire litigieux pour le coup d'envoi des débats sur le projet de budget, avant de l'abandonner le lendemain.
Les attitudes à gauche tranchent avec celles des députés RN (extrême-droite), en quête de respectabilité institutionnelle et tous cravatés. «La culture 'paquet de nouilles' et 'tee-shirt de foot', non merci!», avait averti leur cheffe de file Marine Le Pen.
Déjà en 2017, avec le débarquement des premiers députés insoumis avait débuté une révolution vestimentaire: le bureau de l'Assemblée avait dû acter officiellement le droit pour les députés de siéger sans veste ni cravate. Ainsi, la tenue dans l'hémicycle «doit rester neutre et s'apparenter à une tenue de ville», indique une instruction générale. Jusqu'alors, seule était demandée «une tenue respectueuse des lieux» et les agents de l'Assemblée tenaient à disposition un éventail de cravates aux abords de l'hémicycle.