
Une nouvelle agression contre une femme provoque l'indignation en Chine

Depuis plusieurs jours, les images d’une nouvelle agression font polémique en Chine. Elles ont été prises le samedi 16 juillet en fin de soirée par une caméra de surveillance d’un bar de Zhenghzou, capitale de la province de Henan, dans le centre du pays. On y voit une femme sortir en trombe d'une cabine de toilettes de l’établissement. Derrière elle, un homme arrive et l’attrape par les cheveux pour tenter de la ramener à l’intérieur. La femme s’accroche alors à un autre homme, qui se trouve à l’extérieur de la cabine, et l'entraîne avec elle dans sa chute au sol. L’agresseur parvient malgré tout à la ramener dans la cabine. Avant que la victime ne réussisse finalement à s'enfuir véritablement des toilettes avec l'aide d'une autre femme.
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Des images choquantes qui ont fait le tour des réseaux sociaux en Chine et suscité une vive indignation. Selon NBC News, sur la seule journée du mercredi 20 juillet, le hashtag faisant référence à l’incident a été consulté plus de 380 millions de fois.
L’homme et la femme ont tous deux été interpellés le soir des faits. Selon Global Times, ils ont ensuite été relâchés après avoir indiqué, aux enquêteurs, qu'ils entretenaient une relation. Mais face au véritable tollé provoqué sur les réseaux sociaux en quelques jours, la police a décidé de convoquer à nouveau les deux individus. Pour éclaircir notamment la nature exacte de leur relation.
Selon le média Chinanews, les enquêteurs ont finalement établi qu’ils ne formaient pas un couple. Un détail qui n’avait, toutefois, que peu d’importance aux yeux de nombreux internautes. «Relation, mariage, est-ce que cela donne droit à une carte « sortie de prison »?», soulève à ce propos un internaute sur le site Weibo, comme le rapporte NBC News.
«En soulignant la question de leur relation, dans leur communiqué, la police donne l’impression que s’ils sont en couple, c’est moins grave. Ce qui est grave, c’est que la femme n’est clairement pas consentante: elle a été traînée dans les toilettes contre son gré», renchérit Feng Yuan, directrice de l’ONG chinoise Wieping, interrogée par nos confrères du Monde.
Le mercredi 20 juillet, le bureau de la sécurité publique du comté de Zhongmu a annoncé avoir arrêté l'agresseur présumé, un homme de 27 ans originaire de la ville voisine de Kaifeng. Selon le média The Paper, basé à Shanghai, dont les informations sont rapportées par NBC News, l'individu serait suspecté d'attentat à la pudeur pour avoir tenté d'uriner devant la victime. Victime mineure à en croire le Monde.
Deuxième polémique en un mois
Les images ont, en tout cas, une nouvelle fois relancé le débat sur les violences faites aux femmes en Chine. Il y a moins d'un mois déjà, une autre agression, elle aussi filmée, a fait la une de l'actualité dans le pays. Les faits avaient eu lieu à Tangshan, à l'est de Pékin. Plusieurs femmes avaient été prises à partie par un groupe d'hommes visiblement ivres dans un restaurant de la ville. Deux des victimes avaient dû être hospitalisées. Les caméras de surveillance avaient filmé la violente agression, suscitant une vive indignation sur la toile. Là aussi, la diffusion des images avait relancé l'enquête, les agresseurs n'ont été arrêtés qu'après la médiatisation de l'affaire. Beaucoup de Chinois avaient critiqué la lenteur d'intervention de la police (plus d'une demi-heure). Un de ses responsables a été limogé après les faits.
De nombreuses femmes disent ne plus se sentir en sécurité dans le pays. Et la justice semble avoir du mal à suivre. «Quand les affaires sont moins médiatisées, elles sont souvent ignorées ou considérées comme de simples affaires de violence», explique Feng Yuan au Monde. «Or, la violence contre les femmes repose sur des inégalités de position au sein de la société, qui font que des hommes estiment qu’ils ont le droit de faire certaines choses aux femmes».