
Fuites de gaz dans les pipelines Nord Stream : quelles conséquences pour le climat ?

Depuis plusieurs jours, les pipelines Nord Stream sont scrutées de près. Des explosions sous-marines ont été signalées ces lundi et mardi, causant de nombreuses fuites sur l'infrastructure. Des quantités astronomiques de gaz s'échappent des conduits pour être directement rejetées dans l'atmosphère. Les autorités danoises estiment qu'il faudra une semaine avant que ces portions des gazoducs assis en mer Baltique soient totalement vidés. « Une nette majorité du gaz est déjà sortie des tuyaux. Nous nous attendons à ce que le reste s’échappe d’ici dimanche », expliquait le directeur de l’autorité danoise de l’Énergie, Kristoffer Böttzauw, lors d’une conférence de presse.
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Le méthane qui s'échappe est particulièrement redouté pour l'effet de serre qu'il contient. Selon le Giec, le dérèglement climatique que l'on connaît serait dû à un tiers à cause de ce gaz. Rapidement, les débats ont été lancés sur l'impact environnemental de ces fuites. Et pour cause. Le méthane rejeté est bien plus impactant pour le réchauffement climatique que le CO2. « Sur 100 ans, un kilo de méthane a le même pouvoir réchauffant que 28 kilos de CO2», confie pour franceinfo Marielle Saunois, chercheuse au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE).
Un effet sur le climat à tempérer
Jeffrey Kargel, du Planetary Research Institute d'Arizona se voulait toutefois rassurant : « Si la quantité de gaz provenant du pipeline est évidemment importante, ce n’est pas le désastre climatique auquel on pourrait penser.»
Mais selon Greenpeace, près de 180 millions de m3 de gaz naturel vont s'évaporer dans l'atmosphère. Soit l'équivalent de huit mois d'émissions de gaz à effet de serre du Danemark. Toutefois les fuites de ces plateformes ne sont pas rares à l'échelle du monde. En 2021, selon l'Agence International de l'Energie (AIE), elles avaient représenté l'équivalent de la totalité de la consommation de gaz du secteur énergétique en Europe.
Selon Piers Forster, directeur du Centre international Priesteley pour le climat à l'université de Leeds, « ces fuites auront localement un effet réchauffant immédiat sur la qualité de l'air», mais au niveau mondial cela ne représenterait que peu de choses.Le chercheur au LSCE Philippe Bousquet interrogé par FranceInfo abonde dans le même sens : « D'un point de vue climatique, ce n'est pas nul, mais ce n'est pas majeur.»