La Corée du Nord de plus en plus menaçante dans un contexte tendu : faut-il en avoir peur ?

La Corée du Nord pousse les curseurs ces derniers jours. Kim Jong Un soutient fermement la Russie. Alors faut-il se méfier des manœuvres en cours ?

Kim Jong-Un
©Belgaimage

Ces dernières heures, le contexte international prend de nouveaux reliefs avec une péninsule coréenne à nouveau au bord de l'ébullition. Deux nouveau missiles balistiques ont été lancés par Pyongyang en direction de la mer du Japon ce jeudi. Mardi, la force de frappe nord-coréenne s'était déjà engagées dans de telles manoeuvres. Une première depuis 2017 alors qu'une ogive a même survolé le territoire japonais.

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Avec ce sursaut nord-coréen, ce sont la Corée du Sud, le Japon et les USA qui se mettent en état d'alerte. Les représailles de ces états n'ont d'ailleurs pas tardé. Si tout laisse penser à une escalade, Michel Liégeois, professeur à l'UCLouvain et spécialiste des relations internationales, tempère : « La force de frappe de la Corée du Nord est relativement limitée. On ne peut imaginer qu'en l'état actuel des choses elle puisse tenter une invasion de la Corée du Sud par exemple. Son allié le plus proche demeure la Chine. Et si le régime chinois soutient la Corée du Nord, cela reste dans l'unique intérêt que le statut de la péninsule reste comme il est. La Chine veut éviter une réunification des deux Corées sans quoi elle aurait une frontière directe avec un régime allié de l'Occident. Elle ne peut imaginer pareil scénario. »

La Corée du Nord soutenue par la Chine

Comprenez qui si la Chine soutient la Corée du Nord, c'est davantage dans la défense que dans l'attaque. Et seuls, les Nord coréens n'iront pas bien loin. S'ils disposent aujourd'hui de l'arme nucléaire, elle semble loin d'être en état de marche. « Ils pourraient réaliser de nouveaux essais sous-terrains. Mais parvenir à maîtriser la technologie, à la miniaturiser, à la disposer sur une ogive balistique et à maîtriser la trajectoire de cette ogive, il y a un pas qu'ils doivent encore franchir. Cela deviendra fortement inquiétant s'ils parviennent à démontrer la main mise sur ce procédé et à mettre au point des ogives intercontinentales pouvant parcourir 10.000 kilomètres. »

Le spécialiste des relations internationales pousse le raisonnement : « Ils sont parvenus à atteindre pour la première fois une distance équivalente à 4.500 kilomètres. C'est un record. Il s'agit là d'une nouvelle provocation qui intègre une stratégie sur le long cours. La différence aujourd'hui est que cela intervient dans un contexte international particulièrement tendu. Mais que l'on ne s'y trompe pas : si cela peut arranger Moscou de voir un nouveau foyer de tensions s'ouvrir, Pyongyang avance seul. »

Pour déstabiliser la force américaine ? 

Aujourd'hui, les USA se retrouvent à devoir gérer trois fronts simultanément. Avec la guerre en Ukraine et les tensions dans le détroit de Taïwan, Kim Jong-Un, le leader nord-coréen, pourrait vouloir déstabiliser la puissance américaine. Un mauvais calcul pour Michel Liégeois : « Si c'est cela la stratégie de Pyongyang, je crains qu'ils fassent erreur. Les USA ont la capacité de gérer trois fronts tels que ceux-là. Et même s'ils sont indépendants les uns des autres, même s'ils se déroulent à des milliers de kilomètres les uns des autres, ils restent liés. Chacun s'observe. Refermer trop rapidement le front nord-coréen en levant certaines sanctions en échange de l'arrêt d'essais balistiques, cela enverrait un très mauvais signal à Tokyo, Kiev ou Taipei. La réaction américaines pourrait même être plus dure que dans un autre contexte. »

Alors si l'action de la Corée du Nord ne doit pas faire craindre le départ d'un nouveau feu d'envergure, il n'en reste pas moins que les conséquences les plus visibles devraient se faire ressentir sur les marchés économiques où les turbulences ne manquent pas. « Ce genre de manoeuvres ne rassure personne. Il faut être attentif aux répercutions sur le marché de l'énergie par exemple. Cela reste certainement les effets les plus directes », ponctue Michel Liégeois.

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