"Une indignité écœurante" : comment l'extrême droite récupère le meurtre de Lola en France

Le meurtre de Lola, 12 ans, a semé l’effroi en France. Voici comment l’extrême droite a récupéré l’affaire et relancé le débat sur l’immigration clandestine.

Récupération de l'affaire Lola par l'extrême droite
Une manifestation d’extrême droite en France © Belga Image

Les circonstances de la mort de Lola et le profil de la suspecte, de nationalité algérienne et sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), ont suscité de vives critiques à droite et à l'extrême droite.

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Mais les parents s'opposent fermement à "toute utilisation du nom et de l'image de leur enfant à des fins politiques", comme ils l'ont souligné vendredi via un communiqué de leur avocate.  La famille de Lola a demandé que "cesse instamment, et soit retirée, toute utilisation du nom et de l'image de leur enfant à des fins politiques", lors des manifestations et sur Internet. Ses parents souhaitent "pouvoir honorer la mémoire de leur fille dans la sérénité, le respect et la dignité qui lui est due", a rappelé l'avocate Me Clotilde Lepetit

La famille de la fillette "a d'abord et avant tout besoin du respect et de l'affection de la nation", a déclaré vendredi le président de la République Emmanuel Macron, en marge d'un sommet européen à Bruxelles, estimant que "tous les parents vivent dans leur chair ce que vivent les parents de Lola".

Troubles psychiatriques

La meurtrière présumée semble souffrir de troubles psychiatriques et est en attente d’une expertise sur sa santé mentale. Elle n’était connue que des services de police qu’en tant que victime de violences conjugales.

Dahbia B. était arrivée en France en 2016 avec un visa étudiant. Depuis août, elle faisait l’objet d’un ordre de quitter le territoire.

Récupération par l’extrême droite

En dépit des accusations de récupération, des centaines de personnes se sont réunies jeudi soir à Paris en présence d'Eric Zemmour, qui a qualifié le meurtre de « francocide ». Certains manifestants portaient des pancartes sur lesquelles figurait le visage de la collégienne.

Le RN, qui devait dans un premier temps participer au rassemblement, a finalement organisé une minute de silence au même moment devant l'Assemblée nationale.

La députée RN du Nord, Caroline Parmentier, était présente vendredi à Fouquereuil mais "en tant que citoyenne et représentante des habitants" de sa circonscription, a-t-elle expliqué.

 

Vendredi, des tags --"État laxiste, revanche nationaliste" et "Justice pour Lola"-- ont été découverts sur une mosquée de Pessac, près de Bordeaux, signés "Action directe identitaire", selon des photos diffusées sur Facebook par le président de la mosquée.

Alors qu’un hommage sobre en présence de la famille de Lola se déroulait dans le Pas-de-Calais, une centaine de manifestants d’extrême-droite ont défilé dans les rues de Lyon vendredi soir au cour d’un rassemblement non-déclaré.

« La récupération politique du meurtre de Lola est d’une indignité écœurante. Sans aucun respect du deuil et des volontés de sa famille », a réagi Carole Delga, la présidente socialiste des Régions de France à propos de la minute de silence organisée par le RN à Toulouse.

L’avocat exclut tout mobile raciste

Me Alexandre Silva a démenti la rumeur qui "consisterait à laisser entendre que le mobile du meurtre de la petite Lola serait animé par un mobile raciste", lors d'un point presse au tribunal judiciaire de Paris. "Ce mobile n'est absolument pas vérifié, c'est faux, cela n'a jamais été envisagé", a-t-il affirmé.

Dahbia B., 24 ans, a été mise en examen lundi pour meurtre et viol aggravé sur mineur, puis placée en détention provisoire. Aucune circonstance aggravante relative au racisme n'a été retenue à ce stade de l'enquête. "Le débat ou la récupération politique (...) qui découlent de cette rumeur et de bien évidemment l'OQTF", l'obligation de quitter le territoire qui avait été délivrée en août à sa cliente, est "une question politique sur laquelle je ne me pencherai pas puisque je ne suis qu'un modeste avocat", a commenté Me Silva.

« Ces mensonges suscitent une angoisse dans l'esprit du public »  

L'avocat a également tenu à rappeler que, contrairement à ce qu'affirment "des intervenants sur les plateaux" de télévision, "il existe un certain nombre d'infractions particulièrement graves qui encourent la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, c'est-à-dire sans possibilité pour la personne de ne jamais sortir de prison". "L'infraction qui est précisément reprochée à ma cliente appartient à l'une de ces qualifications", a souligné Me Silva.

En outre, il a rappelé qu'une personne déclarée irresponsable pénalement "peut passer l'intégralité de sa vie dans un hôpital psychiatrique dès lors qu'elle n'est pas jugée apte à être remise en liberté, si j'ose dire", a-t-il insisté.

Comme dans toute procédure criminelle, une ou plusieurs expertises psychiatriques seront ordonnées lors de l'instruction pour déterminer la responsabilité pénale de Dahbia B., qui souffrirait de troubles psychiatriques. "J'apporte ces précisions car ces mésinformations voire ces mensonges ont pour effet dans l'esprit du public de susciter une angoisse et surtout de ne pas avoir confiance dans la justice française", a aussi affirmé Me Silva.

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