
Midterms 2022 : les enjeux des élections de mi-mandat

Les élections de mi-mandat se dérouleront ce mardi 8 novembre aux Etats-Unis. Dans un pays où les clivages partisans sont plus profonds que jamais, il s'agit pour chaque camp de convaincre le plus de sympathisants possible d'aller aux urnes, où les attendent une ribambelle d'élections simultanées, concernant à la fois le Congrès de Washington et des postes locaux.
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Depuis deux ans, les démocrates ont une courte majorité à la Chambre des représentants et une seule voix de majorité, celle de la vice-présidente Kamala Harris, au Sénat. Les sondages, sujets à caution aux Etats-Unis et qui se sont souvent trompés, tablent sur une victoire nette à la Chambre des représentants pour les républicains, qui pourraient aussi reprendre le contrôle du Sénat. Fort de ce scénario, Donald Trump signale de plus en plus clairement son intention de vouloir reconquérir la Maison Blanche.
Menacé d'une déferlante républicaine aux législatives de mardi, qui pourrait mettre Donald Trump en orbite pour 2024, Joe Biden s'est efforcé de mobiliser ses troupes autour de la défense de la démocratie ces derniers jours.
L’inflation au cœur des préoccupations
Après un début de campagne fortement axé sur le droit à l'avortement et la défense de la démocratie, et face à un camp conservateur qui projette un message virulent sur le coût de la vie et la criminalité, le parti démocrate a par la suite parlé davantage des préoccupations quotidiennes des Américains. Mais Joe Biden peine à faire passer son message de "président de la classe moyenne" dans un contexte d'inflation galopante. Le parti démocrate a d'ailleurs appelé à la rescousse l'ancien président Barack Obama et ses incontestables talents oratoires pour mobiliser ses troupes.
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L'inflation élevée et les prix élevés de l'énergie semblent favoriser les républicains pour ces élections de mi-mandat. "Ils ont des arguments assez solides pour affirmer que l'administration Biden fait un gâchis économique", déclare le professeur de politique internationale Bart Kerremans (KU Leuven). La question est cependant de savoir si la lutte des démocrates pour le droit à l'avortement peut encore surprendre.
La Chambre des représentants devrait être aux mains des républicains après le 8 novembre. Outre le fait qu'un président en exercice perd généralement des sièges à la Chambre à mi-mandat, l’inflation élevée joue également un rôle majeur dans ces élections.
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« Les Républicains ont mis en avant plusieurs éléments dans leur campagne : la hausse du taux de criminalité, le nombre croissant de migrants, la question des transgenres et du sport, ce qu'il faudrait enseigner dans les écoles… Mais l'élément principal qu'ils citent constamment c'est l'inflation, qui est bien sûr tangible pour une grande partie de la population », déclare Bart Kerremans. De plus, les salaires augmentent, mais pas assez vite pour miner une inflation de plus de 8 %.
En plus de cela, les républicains affirment que l’inflation tire son origine des investissements massifs approuvés par les démocraties. "Qu'ils aient raison ou non, le fait est que pour un grand groupe d'électeurs américains, l'inflation est vraiment le problème le plus important et leur confiance dans les démocrates à ce sujet est moindre que dans les républicains. C'est donc vraiment un facteur qui désavantage sérieusement les démocrates », a déclaré Bart Kerremans. "Et la hausse des prix de l'énergie et du prix à la pompe, qui est un thème très important aux États-Unis, en fait partie."
La question du droit à l’avortement
Les démocrates ont également déployé beaucoup d'efforts en faveur du droit à l'avortement pendant la campagne, après que la Cour suprême a annulé Roe v. Wade. "Après la décision de la Cour suprême, ils espéraient que cela aurait un fort effet mobilisateur sur les électeurs. Nous l'avons vu initialement dans le nombre d'inscriptions sur les listes électorales, mais cet effet semble maintenant beaucoup plus faible et ne jouera peut-être pas vraiment un rôle décisif dans ces élections », estime Bart Kerremans.
Pourtant, la question de l'avortement peut aussi apporter des surprises : les différences dans les sondages au Sénat sont si faibles que même une petite différence dans la participation électorale en raison de la question de l'avortement pourrait profiter aux démocrates.
Biden impopulaire
Alors que Biden a certainement tenu ses promesses de campagne, comme avec son plan d'infrastructure de 1 billion de dollars, il n’a pas tenu ses promesses sur d’autres dossiers. Par exemple, sur la réforme de la police, le droit de vote fédéral et le salaire minimum fédéral, sa politique migratoire est moins à gauche qu'espéré et il a dirigé le très chaotique retrait américain de Kaboul.
Son impopularité l’a conduit à ne pas faire campagne dans certains Etats clés. Et selon un sondage de Reuters/Ipsos, seuls 40% des Américains approuvent ses performances. Joe Biden a déclaré à plusieurs reprises que les élections ne sont pas un référendum, mais un choix entre deux directions dans lesquelles le pays peut aller.
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Un moment « décisif » pour la démocratie
Selon les mots de Joe Biden, ces élections de mi-mandat sont un moment « décisif » pour l’avenir de la démocratie américaine : « La démocratie est littéralement sur le bulletin de vote. C'est un moment décisif pour la nation et nous devons tous parler d'une seule voix", a lancé le dirigeant démocrate sur la scène d'une salle de Philadelphie, en soutien à ses candidats démocrates en Pennsylvanie.
L'ancien président Donald Trump, qui n'a jamais reconnu sa défaite à la présidentielle de 2020, a affirmé mardi voir des « premiers signes » de « fraude » dans le vote par correspondance en Pennsylvanie, Etat clé des élections américaines de mi-mandat. "C'est reparti! Des truquages électoraux!", a déclaré le milliardaire républicain sur son réseau social, Truth Social. Sous ce message, il a relayé un article d'un site militant affirmant que les autorités de Pennsylvanie avaient envoyé des centaines de milliers de bulletins à des électeurs dont l'identité n'était pas "vérifiée".
Ce scrutin se déroule donc dans un climat particulièrement tendu, les autorités craignant que la désinformation et les profondes divisons politiques ne débouchent sur des actes violents. Certains agents électoraux et élus ont d'ores et déjà dit avoir constaté une hausse des menaces et intimidations.
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En 2020, Donald Trump avait déjà accusé, sans preuves, les autorités de plusieurs Etats d'avoir volé l'élection présidentielle en truquant le vote par correspondance. Des millions d'Américains adhèrent encore à cette théorie.
"Nous ne pouvons plus tenir la démocratie pour acquise", a averti Joe Biden, le ton grave. "J'aimerais pouvoir dire que l'assaut contre notre démocratie a pris fin ce jour-là. Mais je ne peux pas", a-t-il déclaré, énumérant le nombre de candidats prêts à refuser les résultats du vote aux élections du 8 novembre.