
Pourquoi des étudiants chinois se réunissent-ils pour ramper à quatre pattes sur leur campus ?

Depuis quelque temps, d’étranges images sont apparues sur les réseaux sociaux. Sur celles-ci, on peut voir des étudiants chinois avancer à quatre pattes, les uns derrière les autres, en formant un cercle. Ces scènes auraient été observées sur les campus de plusieurs universités chinoises, principalement à la nuit tombée. The Washington Post a enquêté sur la signification de ce surprenant rituel.
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Plusieurs participants ont expliqué que c’était une manière pour eux de décompresser après trois années marquées par le Covid. La Chine, qui a appliqué une politique de tolérance zéro, n’a pas hésité à confiner des campus entiers pendant des semaines, empêchant les étudiants de sortir de leurs dortoirs. «Après l’épuisement engendré par les confinements et la grande incertitude qui plane quant à l’avenir, la perte de sens s’ajoute à la crise existentielle que vivent les jeunes. Ramper sur le sol est une sorte de rituel collectif qui permet de contrer cette perte de sens», a écrit Lin Shihou, étudiante à l’Université de Chongqing, dans un essai.
D’où vient cette tendance ?
Selon le journal, la tendance serait apparue au début du mois de novembre, lorsqu’un étudiant anonyme de l’Université de communication de Chine aurait demandé dans un post en ligne : «Est-ce que vous trouveriez flippant de voir quelqu’un ramper sur le sol d’un campus ? Si pas, je le ferai demain». Aussitôt, son post a récolté plusieurs réactions de jeunes enthousiastes qui ont affirmé vouloir se joindre à l’événement.
Depuis, ces scènes se sont reproduites dans plusieurs villes chinoises comme Beijing, Suzhou et Hangzhou. Toujours selon le journal qui cite des plateformes chinoises, à Hong Kong, certains jeunes organiseraient même ces séances tous les mercredis soir. Il y a quelques jours, un étudiant a même été filmé en train de ramper à quatre pattes à travers trois wagons de train dans la région de Zhejiang. Cela a été présenté comme une «performance artistique».
«C’est l’expression d’une extrême frustration», a analysé Yicheng Wang, un doctorant en sciences politiques de l’Université de Boston. «Les étudiants ont dû accepter que leurs moments à l’université, qui étaient censés être les plus beaux de leur vie, ont été passés à être confinés.»
Des animaux de compagnie en carton
Il y a quelques semaines, un article sur Weibo, un réseau social chinois, expliquait que certains étudiants avaient été vus accompagnés d’animaux de compagnie en carton. Une manière pour les jeunes d’attirer l’attention sur leur santé mentale mise à rude épreuve depuis trois ans.
The new hip things for Chinese college students (who are going nuts in long, LONG lockdowns) are apparently walking cardboard dogs and crawling on campus at night . Fine line between funny and depressing pic.twitter.com/skSJcY2eSM
— Vicky Xu / 许秀中 (@xu_xiuzhong) November 11, 2022
Les autorités, elles, ne verraient pas cela d’un très bon œil. À plusieurs reprises, elles auraient annulé les séances de rampage collectif pour «question de sécurité». Plusieurs médias d’Etat ont appelé à ne pas suivre aveuglément ces tendances et à consulter des experts avant de s’engager là-dedans.