
Enfin un accord international pour progresser dans la lutte contre le bombardement de civils

Sanaa, Mossoul, Raqqa, et désormais, avec la guerre en Ukraine, Kharkiv, Marioupol… Ces dernières années, la liste des villes martyrisées par les bombardements n’a fait que s’allonger. Selon les chiffres relayés par Handicap International, ONG qui intervient dans les situations de pauvreté, de conflits et de catastrophes, 90% des victimes actuelles de bombardements sont des civils. En 14-18, 15% des victimes de conflits étaient civiles. En 39-45, elles étaient 50%…
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Pour tenter de stopper cette macabre progression, une coalition d’ONG, l’International Network on Explosive Weapons (Inew, dont fait partie Handicap International) bataillait depuis 3 ans pour faire cesser l’utilisation des armes explosives à large rayon d’impact (bombes larguées par avion, systèmes de roquettes à canon multiple, etc.) dans les zones densément peuplées.
Au bout d’un long processus diplomatique, cette coalition a réussi à décrocher une victoire encourageante : la signature, par 82 pays, d’un accord encadrant l’usage de ces armes explosives dans les villes.
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Traduire cette bonne volonté en actes sur le terrain
«L’idée, c’est de bannir l’usage des armes explosives les plus lourdes et les plus imprécises des villes. En rehaussant les standards pour que les bombardements urbains deviennent l’exception et non plus la norme», détaillait dans Le Soir Baptiste Chapuis, chargé de Plaidoyer chez Handicap International. Autre axe majeur du texte : le devoir de réparation, afin de contraindre les Etats signataires à en faire davantage en matière de déminage en zone urbaine, d’accès aux ONG et ressources humanitaires.
Si cet accord est une véritable avancée, (presque) tout reste à faire. En première lieu, les États signataires doivent maintenant implémenter le texte et le traduire dans les faits, par de nouvelles pratiques militaires sur le terrain excluant l’emploi de bombes aériennes ou d’artillerie lourde en zone peuplées. Rendez-vous est déjà pris, début 2024 à Oslo, pour une grande conférence internationale de suivi de l’accord, où les progrès des États en la matière seront examinés.
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«L’accord doit être strictement mis en œuvre par les signataires, ajoutait dans un communiqué Alma Taslidžan, de Handicap International. Depuis 2011, les armes explosives ont fait près de 300 000 victimes civiles. Il faut mettre fin à cette situation intolérable. Handicap International va donc poursuivre son combat et ensemble, nous mettrons tout en œuvre pour mettre fin aux bombardements en zones peuplées». «Le combat est loin d’être terminé. Il nous faut encore convaincre de nombreux pays d’y adhérer».
La Belgique, fer de lance
Si de gros producteurs et exportateurs d’armes explosives comme la France, la Corée du Sud, la Turquie et les États-Unis ont signé ( et 24 des 30 membres de l’Otan l’ont ratifié), d’autres poids lourds comme la Russie et la Chine (ainsi que la Corée du Nord, l’Inde ou Israël) ont refusé d’adopter le texte.
Signataire, la Belgique a même joué aux avant-postes dans ce dossier. Le 21 avril 2021, la Commission Défense nationale de la Chambre adoptait une résolution demandant au gouvernement belge de s’engager «sans équivoque contre l’utilisation d’armes explosives à large impact en zones peuplées». Une première, portée notamment par le député Ecolo-Groen Samuel Cogolati. Celui-ci a d’ailleurs reçu ce jeudi, lors d’un événement à la Chambre, la Médaille de la protection des civils décernée par Handicap International.
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