Choléra, paludisme, tuberculose... «Le monde va devoir vivre avec le retour des maladies infectieuses»

Les maladies infectieuses touchent les pays les plus fragiles, mais rien n'exclut que les contrées occidentales le soient également dans les prochaines années.

Choléra, paludisme, tuberculose... «Le monde va devoir vivre avec le retour des maladies infectieuses»
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Depuis plusieurs mois, le choléra se propage à nouveau de manière intensive dans plusieurs zones du monde. Aujourd'hui, une trentaine de pays sont touchés. Il s'agit là d'une résurgence particulièrement forte puisque de nombreuses populations ont vu revenir cette maladie qu'elles n'avaient plus vue depuis des décennies. C'est notamment le cas au Liban où cela faisait trente ans qu'aucun cas n'avait pas été détecté.

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Haïti, Syrie, Somalie, Malawi, République démocratique du Congo ou encore Soudan du Sud : autant de pays qui doivent aujourd'hui faire face à une épidémie de cas à l'intérieur de leurs frontières. Dans chacune de ces régions, c'est l'accès à l'eau potable qui est à l'origine de cette montée en flèche de cas. Si l'instabilité politique et la pauvreté expliquent cette situation au Liban, en Syrie, la guerre est la raison principale. En Haïti, à la pauvreté vient s'ajouter le fait de gangs armés qui en bloquant certaines routes ont réduit l'accès à l'eau potable et aux médicaments. Au Pakistan, ce sont les inondations qui ont joué le rôle d'accélérateur de l'épidémie en augmentant la circulation des eaux souillées.

«Le choléra est une maladie relativement banale si l'on s'en tient à sa cause. Pour le prévenir, il suffirait de rendre l'accès à l'eau potable à toutes les populations, confie Yves Coppieters, professeur en santé publique à l'université libre de Bruxelles. Mais l'augmentation des cas nous rappelle les conséquences de la paupérisation de certaines populations. La situation libanaise est symptomatique. Lorsque l'Etat ne répond plus aux besoins vitaux de sa population, c'est ce qu'il arrive.»

Le retour des maladies infectieuses en Occident ? 

Philippe Barboza, chef d'équipe de l'OMS pour le choléra confie à nos confrères du Monde : «Le choléra est alimenté par les conflits et la pauvreté, mais, en plus, cette année, nous constatons l'impact de plus en plus visible du changement climatique qui joue un effet amplificateur.»

Les épidémies de choléra se démultiplient. «Mais il ne faut pas s'arrêter à cet état de fait. Le monde va devoir vivre avec le retour des maladies infectieuses», prévient Yves Coppieters. Il poursuit : «Aujourd'hui, les maladies diarrhéiques sont déjà la première cause de mortalité dans le monde. Viennent ensuite les maladies respiratoires et les maladies chroniques. Chez nous, nous sommes davantage préparés à lutter contre ces maladies chroniques. Mais clairement, le retour des maladies infectieuses est craint. S'il n'y a pas de risque de voir le choléra revenir chez nous, on sait que les hépatites, le SIDA, la tuberculose ou encore le paludisme risquent de se développer d'abord dans les contrées où le contexte socio-économique est le plus propice. Avec les voyages et les mouvements de population, ce phénomène pourrait se déplacer progressivement vers l'Occident.»

Le professeur en santé publique conclut : «Notre système de soins de santé doit être renforcé. La crise du Covid a montré ses failles et les a creusées. C'est aujourd'hui qu'il faut se préparer à cela

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