
Triste record aux USA : la police tue plus de trois personnes par jour

« I can't breathe » (Je ne peux plus respirer). Avec le genou d'un policier dans la nuque, les derniers mots de George Floyd retentissaient aux quatre coins du monde. La mort de cet Afro-Américain en mai 2020 rappelait une réalité de l'Amérique d'aujourd'hui. Aux USA, la police tue. Plus de trois fois par jour même. Ce sont les statistiques révélées par l'association Mapping Police Violence. En 2022, 1.176 personnes ont perdu la vie dans ces circonstances. Un triste record.
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En 2021, ils étaient 1.145 à avoir perdu la vie lors d'altercation avec la police. En 2017, ce chiffre ne dépassait pas les 1.089. La mobilisation mondiale autour du cas Floyd et la condamnation du policier Derek Chauvin n'auront donc eu aucun impact sur cette fuite en avant.
Des circonstances interpellantes
Si les chiffres donnent froid dans le dos, les circonstances sont plus interpellantes encore. Selon les rapports décortiqués, seuls 370 victimes (31 %) démontraient un risque nécessitant une neutralisation. Pour le reste, dans 132 des cas recensés, aucune infraction n'était constatée. 104 victimes (9%) étaient des personnes souffrant de problèmes mentaux. 8 % des des personnes décédées l'ont été durant une interpellation pour infraction au code de la route. Le fait d'avoir été erronément perçu avec une armé aurait coûté la vie à 128 personnes (11%).
Samuel Sinyangwe, expert en analyse de data, confie au Guardian : « Ce sont pour la plupart des cas des contrôles de routine qui dégénèrent. » Il va plus loin : « Le fait que l'on parle moins de ce phénomène ne signifie en aucun cas il s'atténue. Il s'agit d'un problème qui continue de s'aggraver et qui profondément systémique. »
Un usage exagéré des armes à feu
Dans 32% des cas, la personne tentait de s'enfouir, à pied ou en voiture, avant d'être abattue. Le quotidien britannique l'affirme : « Les experts s'accordent à dire que dans ces cas, l'usage de la force létale est injustifiée. » La disparité dans l'identité des personnes ciblées persistes également. Les afro-américains restent surreprésentés. Près d'un quart des victimes sont de couleur noire alors que cette population de représente que 13 % de la population américaine.
Les statistiques présentées enseignent également que si l'usage des armes à feu par la police se réduit dans les villes plus progressistes, cet usage se renforce dans les territoires plus conservateurs.
Pour réduire cette tendance, Samuel Sinyangwe propose une solution : développer des alternatives pour que la police n'ait pas à dégainer si facilement. Dans la ville de Denver, dans le Colorado, le programme STAR est par exemple en application. Lorsque le dispatching reçoit un appel, il peut dorénavant privilégier l'intervention d'un professionnel de la santé mentale, plus à même de gérer des populations aux troubles apparents ou des individus sans-abris. Les premiers résultats de ce système semblent montrer son efficacité.