

Lorsqu'il s'agit d'armes, les limites de la liberté individuelle semblent toujours être repoussées aux Etats-Unis. Des individus placés sous injonction d'éloignement pour violences conjugales sont à nouveau autorisés de s'en procurer une dans trois Etats du sud.
Ce nouveau retournement de situation, on le doit à la Cour suprême. Majoritairement conservatrice depuis le passage de Donald Trump, elle fait aujourd'hui feu de tout bois. Après l'avortement, elle s'attaque au port d'armes. Pour comprendre la genèse de cette fuite en avant, il faut remonter à l'affaire New-York State Rifle & Pistol Association v. Bruen rendue le 23 juin 2022.
C'est elle qui a dérégulé l'équilibre instable qu'avait permis la loi Sullivan en vigueur depuis 1911. La loi Sullivan régulait le port d'armes en exigeant une licence pour les armes qui pouvaient être dissimulées. Les juges ont alors décidé que des restrictions raisonnables et bien définies pourront encore être admises mais seulement si elle respectent « l'histoire et les traductions des Etats-Unis » Une formulation pot pourri qui ne demande qu'à être précisée.
« L'arrêt n'autorise à limiter le port d'armes que dans des circonstances très limitées. Mais comment cela va-t-il être interprété ? Est-ce qu'on pourra venir armé à l'église ? Dans les transports en commun ? dans un cinéma ? On va assister à une période d'expérimentation à un jeu du chat et de la souris entre des responsables locaux qui vont essayer de limiter le port d'armes sur leur sol et le lobby des armes, soutenus par des conservateurs, qui chercheront à l'étendre», confie à l'AFP Jeffrey Fagan, professeur de droit à l'université de Duke.
Mais il n'en reste pas moins que certains Etats se sont saisis de cette décision pour revoir leur législation. La loi fédérale autorisant de désemparer les auteurs de violences conjugales peut ainsi être remise en cause. C'est le cas dans trois Etats des States. La Louisiane, le Mississippi ainsi que le Texas autorisent à présent que chacun puisse posséder une arme, même pour les individus sous le coup d'une injonction d'éloignement pour violences conjugales. De quoi faire bondir Deborah J Vagins, présidente du NNEDV. «Selon le ministère américain de la Justice, trois femmes en moyenne sont tuées chaque jour par leur ex ou leur partenaire actuel. Ce retour en arrière va mettre des milliers de victimes en danger. »
Ce nouveau tour de manivelle intervient alors que la violence aux USA ne cesse de croître. 54 personnes sont déjà décédées en 2023 sous le coup d'une balle.