
"Vous allez creuser vos propres tombes" : deux bénévoles ukrainiens détenus par les forces russes témoignent

Bientôt un an après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, les témoignages de tortures et de sévices infligés par les troupes russes continuent à affluer.
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Ce lundi, FranceInfo publie le récit de deux bénévoles ukrainiens, arrêtés, battus et détenus pendant plus de trois mois dans le sud-est du pays.
Partis de Zaporijjia pour livrer de l’aide humanitaire à Marioupol à la fin du mois de mars 2022, Roman (39 ans) et Oleksandr (25 ans) ont vécu un véritable enfer. Le 25 mars, alors qu’ils sont chacun au volant d’un camion rempli de médicaments et de nourriture, les deux hommes sont arrêtés par les forces russes non loin de la ville de Tokmak. Ils sont alors détenus pendant deux jours et deux nuits, d’abord dans une maison vétuste, puis dans une cave. “Il faisait 7 ou 8 degrés dans la cave. Nous avions si froid que nous n’avons pas du tout dormi”, décrit Roman à FranceInfo.
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Le lendemain matin, les deux bénévoles sont conduits près d’un champ. “Maintenant, vous allez vous réchauffer”, indique un militaire alors qu’il leur tend une pelle à chacun : “Vous allez creuser vos propres tombes.”
La panique gagne alors les deux hommes. “Je pensais à ma femme, à mon enfant et à ma mère", se remémore Oleksandr, confiant son “désespoir”. “Qu’est-ce qu’ils allaient devenir si je n’étais plus là ?". "J’étais choqué", poursuit pour sa part Roman.
"J’avais très mal"
Alors qu’ils parviennent finalement à s’échapper, les deux bénévoles sont finalement envoyés dans un poste de commandement des forces russes, où ils sont enfermés dans des cellules “très sales” et subissent de la torture. À plusieurs reprises, ils sont victimes de violents coups au niveau du foie, des reins et des genoux. “J’avais très mal. J’étais couvert d’hématomes, je ne pouvais ni marcher, ni m’asseoir, ni me coucher”, confie Roman.
Finalement relâchés, les deux Ukrainiens poursuivent leur route jusqu’à Marioupol, déterminés à livrer l’aide qu’ils transportent dans leurs camions. Ils sont alors à nouveau arrêtés et déplacés vers la ville voisine de Nikolske, où ils seront interrogés avant d’être envoyés dans la tristement célèbre prison d’Olenivka. Ils y croupiront dans des conditions inhumaines pendant près de 92 jours. “On se disait que tout cela était illégal et que ça finirait un jour. Il fallait résister”, témoigne Roman.
Finalement, le 4 juillet, les deux hommes sont libérés, avec 32 autres bénévoles qui ont subi les mêmes traitements. “C’était inespéré. J’avais le sentiment de naître une deuxième fois”, conclut Roman.