

Tel un glouton, l'affaire du Qatargate semble insatiable. C'est au tour de la Commission européenne de devoir s'expliquer. Un haut fonctionnaire, Henrik Hololei, à la tête de la direction générale MOVE (mobilité et transport), est épinglé. Entre 2015 et 2021, cet Estonien a voyagé gratuitement à neuf reprise sur la compagnie Qatar Airways.
Hasard du calendrier, ou pas ? Ces voyages coïncidaient avec des négociations ouvertes avec le pays qatari sur un accord "ciel ouvert" qui doit permettre aux compagnies locales d'accéder librement au marché européen. La Monde fait le point : "Ce texte, négocié depuis juin 2016 et entériné par la Commission en octobre 2021, doit encore être validé par les eurodéputés."
Les eurodéputés économistes ont demandé l'ouverture d'une enquête sur ce qui pourrait s'avérer être une "tentative de corruption", selon Danier Freund, un député Vert allemand. On reproche notamment au haut fonctionnaire de ne pas avoir identifié les rencontres réalisées sur place, alors qu'un dialogue avec l'Arab Air Carriers Organisation se serait tenu.
Au niveau de la Commission, on tempère. On explique : "Sur la base des informations disponibles à ce stade, nous n'avons aucune indication concrète quant au fait que les règles applicables au moment des voyages n'auraient pas été bien suivies. Ceci étant, nos services vérifient aujourd'hui s'il y a eu, peu ou prou, conflit d'intérêts."
Alors que tous les fonctionnaires doivent avoir l'assentiment de leur hiérarchie avant d'effectuer ce genre de déplacements, les directeurs généraux ont la liberté de décider du potentiel conflit d'intérêt d'un voyage qu'ils reçoivent. Henrik Hololei n'avait donc aucun aval à recevoir pour les effectuer.
Un comité d'éthique pourrait découler de cette nouvelle affaire dans l'affaire. L'objectif serait d'augmenter le contrôle et la transparence des institutions.