
Un employé handicapé licencié et humilié par Elon Musk, le faux pas de trop du patron de Twitter ?
L'environnement professionnel de Twitter n'a pas fini de nous étonner, ou de nous rebuter. Le patron du réseau social s'en est pris publiquement - donc à la vue de tous - à l'un de ses (ex-)employés, Haraldur Thorleifsson. Surnommé "Halli", cet Islandais, réputé dans le milieu de la tech, est atteint de dystrophie musculaire, l’obligeant à se déplacer en chaise roulante. En 2021, il a créé, puis vendu la start-up Ueno à Twitter, devenant ainsi salarié de l'entreprise à l'oiseau bleu.
Mais Halli a récemment vécu une fâcheuse expérience : il ne pouvait plus accéder à son ordinateur de travail. Neuf jours après avoir contacté les services des ressources humaines, en vain, le salarié a décidé d'interpeller le big boss pour savoir s'il faisait toujours partie de l'entreprise. « Cher Elon Musk, il y a neuf jours, l’accès à mon ordinateur de travail a été coupé, tout comme 200 autres salariés. Toutefois, le responsable des ressources humaines n’a pas été capable de confirmer si j’étais un employé ou non », a-t-il écrit sur Twitter.
Dear @elonmusk 👋
9 days ago the access to my work computer was cut, along with about 200 other Twitter employees.
However your head of HR is not able to confirm if I am an employee or not. You've not answered my emails.
Maybe if enough people retweet you'll answer me here?
— Halli (@iamharaldur) March 6, 2023
Comme un imposteur
Partagé par plusieurs milliers d'internautes, son cri de détresse a fini par arriver aux yeux du fantasque milliardaire, qui lui a demandé, en réponse, quel travail il réalisait. Haraldur Thorleifsson a donc détaillé ses fonctions de directeur principal de la conception des produits. Après avoir répondu avec deux emojis hilares, Elon Musk a rétorqué froidement : « Nous n’avons pas embauché de responsable depuis quatre mois », « Quels changements avez-vous faits pour aider la jeunesse ? ». Dans un autre message, le patron s'est montré encore plus rude : « La vérité, c’est que ce type (qui jouit d’une fortune indépendante) ne travaille pas, prétexte un handicap qui l’empêcherait de taper à la machine, et pourtant tweete à tout va. Je ne peux pas dire que j’ai beaucoup de respect pour cela », écrit-il, humiliant ainsi l'un de ses employés.
The reality is that this guy (who is independently wealthy) did no actual work, claimed as his excuse that he had a disability that prevented him from typing, yet was simultaneously tweeting up a storm.
Can’t say I have a lot of respect for that.
— Elon Musk (@elonmusk) March 7, 2023
Un tournant pour Twitter ?
Ou plutôt ex-employé, puisque, le lendemain, Halli reçut un mail des ressources humaines, confirmant qu'il était licencié. Un de plus dans cet ouragan de licenciements massifs et coups d'éclat médiatiques. Mais le traitement réservé à cet employé handicapé - qui s'avère être l’un des entrepreneurs les plus riches et les plus appréciés de son pays - semble sortir du lot. Pour Hamza Mudassir, professeur de stratégie entrepreneurial à l'université de Cambridge, il pourrait marquer un tournant. « L’un des atouts les plus précieux pour un employeur dans les secteurs intellectuels et créatifs est sa capacité à attirer les talents. Et on peut se demander si cet épisode ne va pas affecter l’attractivité de Twitter si n’importe qui, même une personne avec un CV comme Haraldur Thorleifsson, peut être ainsi humilié publiquement », affirme-t-il.
« Les entreprises ont le droit de licencier, c’est leur droit, mais en général, elles en informent les gens. Chez Twitter, c’est apparemment facultatif », a regretté le salarié lâchement remercié, qui s'est senti obligé de se justifier face à ces attaques : « Je ne suis pas en mesure d’effectuer un travail manuel (ce qui, dans ce cas, signifie taper ou utiliser une souris) […]. Ce n’était pas un problème chez Twitter puisque j’étais directeur principal et que mon travail consistait principalement à aider les équipes à avancer, à leur donner des conseils stratégiques et tactiques. »
Mais l'Islandais ne s'est pas laissé abattre. Il a demandé au milliardaire si Twitter comptait lui payer ce qui lui était dû au titre du rachat de sa start-up, s’il était réellement licencié. Un montant qui pourrait se chiffrer en millions de dollars, selon la presse américaine.
Des excuses
Face à la polémique, Elon Musk a dû rétropédaler. « Je viens de faire une visioconférence pour vérifier avec Halli ce qui était réel par rapport à ce que l’on m’a dit », écrit-il, toujours sur Twitter. « Mieux vaut parler aux gens que de communiquer via tweet », ose même le milliardaire. Il s'est finalement excusé pour son « incompréhension de la situation » et a affirmé qu’Halli envisageait de rester dans l'entreprise.
I would like to apologize to Halli for my misunderstanding of his situation. It was based on things I was told that were untrue or, in some cases, true, but not meaningful.
He is considering remaining at Twitter.
— Elon Musk (@elonmusk) March 7, 2023