Tac au tac avec Roselyne Bachelot : "Les Français sont trop tournés autour de leur nombril"

Dans 682 jours, Roselyne Bachelot évoque son action de ministre de la Culture en plein Covid. Dialogue et sourire.

Roselyne Bachelot
© Doc

Pourquoi pensez-vous être un personnage sympathique?
Ce qui fait de moi un personnage ­sympathique, c’est que je traite de la même façon le président de la Répu­blique et le chauffeur de taxi.

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Et Dieu sait si les chauffeurs de taxi de France vous adorent…
Et les chauffeurs de taxi belges! Quand j’étais parlementaire européenne, tous les chauffeurs de taxi belges me reconnaissaient, et ils connaissaient mieux que moi la vie politique française…

Pourquoi les Belges connaissent-ils la politique française, alors que les Français ne connaissent rien à la politique belge?
Parce qu’on est trop tournés autour de notre nombril.

Dans votre livre, vous écrivez: “Mes parents étaient d’origine trop modeste”. Ça veut dire quoi?
Mes grands-parents maternels venaient de Bretagne, ma grand-mère ne savait ni lire ni écrire. Elle a été placée domestique chez un marchand de chevaux à 7 ans. Mes grands-parents paternels étaient des fermiers qui n’étaient pas propriétaires de leurs terres. D’un côté comme de l’autre, ils n’étaient pas trop modestes sur le plan des valeurs, mais trop modestes pour sortir dans les lieux culturels. Ils m’ont appris des valeurs de courage et d’intégrité - et c’est ça qui compte.

Et votre père?
Mon père était chirurgien-dentiste, un pur produit de l’ascenseur républicain. Il a rencontré ma mère à la faculté de chirurgie dentaire. Ma mère est ­chirurgien-dentiste, ma sœur est ­chirurgien-dentiste ainsi que son mari.

En 1998, vous êtes la seule au RPR  à voter le texte instaurant le Pacs. Vous faites un discours très émouvant à l’Assemblée et vous devenez une égérie LGBT!
Je crois que c’est un discours important… Un jour, sur le quai du métro, un monsieur s’est planté devant moi et, par cœur, m’a récité mon discours. Nous étions tous les deux en larmes. Le combat contre les discriminations, c’est le combat qui mène ma vie.

Et puis, arrive la Manif pour tous. Comment regardez-vous cette partie de la France si haineuse à l’égard des minorités?
Pour moi, cela a été une peine infinie. Dans la façon de la présenter, je pense que les promoteurs de la loi sur le mariage pour tous ont - peut-être - commis une faute politique. Je milite depuis longtemps dans des ­associations en faveur du mariage pour tous, je suis présidente d’honneur de l’association Aides. Je ne sais pas à combien de mariages entre deux femmes ou entre deux hommes j’ai déjà assisté…  Et vous savez ce que je fais?

Non…
Je ne m’assieds jamais aux premiers rangs, mais à l’arrière car j’adore écouter ce que disent les gens. Les vieilles cousines aux cheveux argentés, qu’on ne peut pas soupçonner d’être des militantes, qui disent “C’est bien quand même, ils s’aiment”. Et moi, je me dis “On a gagné”.

Donc vous êtes une icône gay!
(Rire.)  Oui, je suis une icône gay, et je le revendique.

Question look, vous vous êtes calmée sur les vestes aux couleurs qui klaxonnent…
J’ai porté récemment un tailleur rose fuchsia pétant, et j’ai fait l’intronisation du deuxième mandat d’Emmanuel Macron en tailleur vert pomme: plus flashy, tu meurs. L’ex-ministre de la Santé Marisol Touraine a dit que je ­ressemblais à Elton John. Vous voyez que je ne crains personne...

682 JOURS, Plon, 284 p. 

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