
Mobilisations sous haute tension en France : des arrestations arbitraires qui posent question

C'est une journée mouvementée qui s'annonce en France. Les syndicats ont appelé à une nouvelle mobilisation nationale. Pour le neuvième jour de suite, les Français sont attendus dans les rues. Lors des premières contestations, des calicots, des chants, des cris, des poubelles brûlées, des débordements et des confrontations. Mais un élément interpelle : l'arbitraire des arrestations policières. "Entre le jeudi 16 et le vendredi 17 mars, des étudiants mais aussi un joggeur, un ingénieur, deux élèves autrichiens en voyage scolaire, tous interpellés en marge des incidents de la place de la Concorde, ont connu le même sort que près de 300 personnes."
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Des arrestations à l'emporte-pièce
Dans les colonnes du Monde, le récit de cette première nuit de contestation est retracée à travers le témoignage de ces personnes, mises à l'ombre, de longues heures, pour des raisons toujours non identifiées. Pour Charlène (prénom d'emprunt), étudiante en master 2 de sociologie, tout débute au coucher du soleil. Présente sur la place de la Concorde, elle décide de quitter le rassemblement avant que cela ne dégénère. Dans un rue voisine, elle est arrêtée avec des dizaines d'autres personnes. Elle passera la nuit à l'ombre. Le matin, un officier de police l'entend. Elle ne sera libérée que le vendredi soir sans qu'aucune charge n'ait été retenue contre elle. Pas de violence physique. Pas de violence verbale non plus. Mais la méthode interroge.
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Elle interpelle d'autant plus lorsqu'elle vient à s'appliquer à des personnes qui semblaient être au mauvais endroit au mauvais moment. C'est le cas d'un joggeur, en tenue de sport, pris en tenaille par les forces de l'ordre. Avec d'autres individus, manifestants mais pas que, ils sont escortés jusqu'à un commissariat avant d'être privé de liberté. L'un d'eux confie : "On a commencé par rigoler entre nous pour essayer de désamorcer une situation ahurissante." Mais l'arrestation n'a rien d'un jeu. Elias, un jeune ingénieur de 28 ans se voit obligé de se mettre en sous-vêtements, "une procédure normale", assure-t-on du côté des forces de l'ordre. Il est relâché dans la journée sans aucune charge à son encontre.
Le surréalisme à la française
Ces témoignages ruissellent par dizaine. Des interpellations à la hâte. Des privations de liberté à l'emporte-pièce. Et finalement, aucune charge retenue. Le cas le plus surréaliste concerne certainement deux jeunes étudiants autrichiens de 15 ans en voyage scolaire à Paris. Pas de chance. Pris dans une nasse, les deux adolescents sont emmenés en cellule. Il aura fallu l'intervention de l'ambassade d'Autriche pour qu'ils puissent s'en extraire.
Ces méthodes laissent penser à une grande fébrilité des forces de l'ordre françaises qui craignent une escalade. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin a annoncé que plusieurs policiers ont déjà été blessés ces derniers jours.