
Guerre en Ukraine : l’ancien président François Hollande à son tour piégé par deux humoristes russes

Après Elton John ou le Prince Harry, au tour de François Hollande de tomber dans le piège. Libération rapporte que l’ancien président français s’est fait duper par dans deux humoristes russes, «Vovan» et «Lexus», lors d'un entretien en visioconférence qui a eu lieu le 8 février. Hollande était persuadé de s'entretenir avec l'ancien président ukrainien, Petro Porochenko, à propos de la guerre en Ukraine. Sur Twitter, un extrait est devenu viral et a même été jusqu'à faire réagir le patron du réseau social, Elon Musk.
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«Je ne savais pas du tout que c'était une manipulation. [La prise de contact] est passée par une personne qui s'est présentée comme le directeur de cabinet de Porochenko ; on a vérifié que c'était bien lui, on n'avait pas de raison de se douter de quoi que ce soit», s’est justifié l'ancien président de la République auprès du quotidien français.
Lors de cette conversation où les deux humoristes semblent avoir utilisé la technique du deepfake, Petro Porochenko insiste à plusieurs reprises sur les accords de paix de Minsk négociés entre la France, l’Allemagne, l’Ukraine, la Russie ainsi que les républiques séparatistes de Donetsk et Lougansk. Signés en 2014, ils avaient pour objectif-manqué- de parvenir à un règlement pacifique du conflit dans le Donbass.
Pranksters Vovan and Lexus posing as Petro Poroshenko got French ex-President Francois Hollande to admit the Minsk Accords were a NATO ruse to militarize Ukraine, and Western nations overthrew Ukraine's democratically-elected government in 2014. pic.twitter.com/qzzszJ1lIv
— KanekoaTheGreat (@KanekoaTheGreat) April 6, 2023
Elon Musk relaie l'interview
«Je pense que tu es d’accord avec moi pour dire que quand nous avons signé les accords de Minsk, nous savions que la guerre était inévitable, mais tu savais qu’il fallait toutes ces années pour nous préparer, renforcer les effectifs pour être prêts à la mener. Les accords de Minsk nous ont donné un peu de temps pour nous armer. Angela (Merkel, ancienne chancelière allemande) en a récemment parlé», a ainsi avancé l’interlocuteur de François Hollande.
Une manière de faire admettre à ce dernier que les accords de Minsk ne servaient en réalité qu’à donner du temps à l’Ukraine (et à l’Otan), en vue d’un conflit généralisé contre la Russie. Dans la vidéo, François Hollande déclare notamment : «(Angela Merkel) a eu raison de le dire, car il y avait l’idée que c’était Poutine qui avait voulu gagner du temps, mais c’est nous (l’Allemagne et la France) qui voulions gagner du temps pour permettre à l’Ukraine de se rétablir, de renforcer ses moyens militaires».
Une réponse qui semblait corroborer la version du faux Porochenko. À tel point que même Elon Musk a réagi : «Est-ce que c’est vrai ?», a twitté celui-ci, en réponse au compte kanekoa.substack.com.
François Hollande dément
Le tweet a ensuite énormément circulé sur la toile. «François Hollande avoue que les accords de Minsk étaient faits non pas pour être respectés, mais pour préparer l'Ukraine à l'offensive!», a dénoncé le chef du mouvement d'extrême droite Les Patriotes, Florian Philippot.
Sauf que selon Libération, la version de l’entretien diffusée sur Twitter a été tronquée. Auprès du quotidien français, François Hollande a tenu à préciser : «Dans aucun de mes propos, parce que c'est sur ça qu'ils essayent de mettre l'accent, je n'ai laissé penser que nous aurions signé les accords de Minsk pour permettre aux Ukrainiens de préparer la guerre. Il s’agissait [pour le pays] de retrouver une stabilité, un équilibre et de renforcer leurs moyens militaires s’ils étaient attaqués» a-t-il affirmé.
«Ce qui compte, ce sont les propos que j’ai tenus, et c’est ceux que je tiens [publiquement] dans toutes les interviews, sur les accords de Minsk et sur la responsabilité russe».
Les deux humoristes russes «Vovan» et «Lexus» ne sont pas à leur coup d’essai. Avant François Hollande, ils avaient également piégé le président polonais, Andrzej Duda en novembre dernier, en se faisant passer pour Emmanuel Macron.
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