Covid: une infirmière qui obsède les complotistes américains brise deux ans de silence

17 décembre 2020: alors que les premiers vaccins anti-Covid commencent à être distribués, une infirmière dénommée Tiffany Dover reçoit sa première dose à l'hôpital CHI Memorial, à Chattanooga dans le Tennessee. Juste après l'injection, elle s'évanouit quelques instants, puis elle fait un malaise vagal. Elle reprend toutefois rapidement ses esprits et rassure les personnes présentes. Elle souffre en réalité d'une maladie provoquant des malaises à la moindre douleur ressentie. Un détail dont ne se sont guère préoccupés les antivax, qui y ont vu un effet du vaccin. La scène, filmée par NewsChannel9, a fait le tour des réseaux sociaux à l'époque et continue de faire parler dans le milieu complotiste depuis. Tiffany Dover ne s'étant pas exprimée en deux ans, les conspirationnistes ont inventé toutes sortes de théories sur son éventuel décès. Cette semaine, elle a fini par prendre la parole au cours d'une interview à NBC.

"Ça m’a submergée"

"Mon message est simple: je suis vivante. J’espère qu’ils [les partisans de la théorie du complot] y croiront", affirme-t-elle à la chaîne de télévision américaine. Il faut dire qu'en deux ans, si elle n'a pas pris directement la parole, ses proches l'ont fait. Son beau-père avait notamment confirmé qu'elle allait bien, sans mettre un terme aux allégations du mouvement antivax. Son hôpital met en ligne une vidéo où elle apparaît avec ses collègues mais les complotistes répliquent en affirmant qu'il s'agit d'une sosie.

Pendant toute cette période de silence, Tiffany Dover voit passer toutes les théories la concernant sur les réseaux sociaux, et même un faux certificat de décès. "Les gens pensaient que j’étais morte. Ils pensaient que j’étais une actrice, que j’ai été payée par Big Pharma. Ça m’a submergée".

Ce cauchemar avait pris de telles proportions que sa vie était devenue un enfer. Des personnes guettaient devant son domicile pour récolter des informations à son propos. Un antivax s'est même introduit dans sa propriété alors qu'elle était seule avec son neveu de trois mois. Elle a dû appeler la police. Par ailleurs, le CHI Memorial a été bombardé de questions. Les comptes de ses proches sur les réseaux sociaux ont également été pris pour cibles, y compris ceux de ses enfants.

Pourquoi un si long silence?

L'infirmière, qui travaillait en unité Covid en 2020, a d'abord voulu répondre immédiatement à cet emballement complotiste à son propos. L'hôpital l'avait toutefois invitée à ne pas le faire, explique-t-elle aujourd'hui avec un document en guise de preuve. "Je pense que j’aurais dû pouvoir m’exprimer immédiatement le lendemain, poster régulièrement sur les médias sociaux. J’ai l’impression que c’est le silence qui a mis le feu aux poudres", regrette-t-elle. "J’ai l’impression que cela aurait été le moment idéal pour nous de dire que, oui, je me suis évanouie. On peut s’évanouir après avoir reçu un vaccin, mais ce n’est pas grave parce que cela peut aussi vous sauver la vie. Cela en vaut donc la peine".

Aujourd'hui, elle craint que ces théories du complot n'ait eu des conséquences potentiellement graves. "Combien de personnes auraient refusé le vaccin à cause de mon nom et de mon histoire? C'est difficile à traiter". En tout cas, elle ressentait aujourd'hui le besoin d'en parler, notamment par rapport à sa fille. "Je veux qu’elle me voie raconter mon histoire. C’était juste un moment où j’ai compris que j’avais toujours voulu être une femme forte et puissante pour elle".

Est-ce que les antivax croiront à son histoire? Pas si sûr. La VRT note par exemple qu'en commentaire d'une vidéo que Tiffany Dover a publié cette semaine, des complotistes étaient toujours bel et bien là. "Cette fille ne lui ressemble en rien", écrit un internaute avant d'ajouter: "tout sera révélé". Ce message a été liké plus de 500 fois.