
France: l'argent récolté après l'assassinat de Samuel Paty a-t-il été utilisé pour la campagne présidentielle?

Alors que la réforme des retraites continue d'ébranler le gouvernement français, une nouvelle polémique vient s'ajouter à un climat politique déjà très agité outre-Quiévrain. La semaine dernière, une enquête du magazine Marianne et de France 2 a révélé que le fonds Marianne pour la République, créé par la ministre Marlène Schiappa après l'assassinat du professeur Samuel Paty par un islamiste radical, aurait été détourné de sa fonction originelle. Une accusation depuis confirmée par Mediapart, qui a lancé sa propre investigation et qui aurait des implications plus graves encore. En effet, selon le média participatif, une partie de l'argent récolté aurait servi à financer des contenus politiques destinés à saboter la réputation d’opposants à Emmanuel Macron, en particulier durant l’élection présidentielle.
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Chapitre 1: un possible détournement de fonds par le président d'une association
À la base, ce fonds Marianne était destiné à "financer des personnes et associations qui vont porter des discours pour promouvoir les valeurs de la République et pour lutter contre les discours séparatistes, notamment sur les réseaux sociaux et plateformes en ligne". 355.000 euros ont été octroyés dans ce cadre-là à une association, l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation au service militaire (USEPPM). Le problème, c'est que selon France 2 et Marianne, le président de l'USEPPM, Mohamed Sifaoui, aurait détourné une partie de cette somme, à savoir 120.000 euros.
Depuis, Mohamed Sifaoui, devenu directeur de la communication du club de foot Angers Sco, a réfuté ces allégations, affirmant avoir "toutes les preuves" pour soutenir sa position. En parallèle, Marlène Schiappa a elle aussi tenu à se défendre, celle-ci étant suspectée d'avoir fait preuve de favoritisme. Aujourd'hui devenue secrétaire d'État en charge de l'Économie sociale et solidaire, son cabinet parle notamment d'"allusions sans aucun fondement". "Affirmer à tort qu’il s’agissait d’une décision ad hominem de Marlène Schiappa est totalement faux et démenti par la procédure, tout comme il est totalement faux de prétendre qu’il s’agirait d’amis de la ministre", peut-on lire dans un communiqué.
Chapitre 2: une association éphémère s'attaquant aux adversaires de Macron à la présidentielle
Pour éteindre l'incendie, les autorités ont assuré faire le nécessaire pour vérifier qu'aucun détournement d'argent ne s'est produit. Marlène Schiappa affirme notamment que "seize des dix-sept associations lauréates justifient de leur bonne utilisation" et que les dérives n'auraient été que des cas isolés.
C'est alors qu'est arrivée l'enquête de Mediapart. Selon celle-ci, outre le cas de l'USEPPM, une autre association, Reconstruire le commun, aurait touché plus de 300.000€ alors qu'elle venait tout juste d'être créée. Or par la suite, celle-ci a publié 57 vidéos sur Youtube en pleine campagne présidentielle, une bonne partie étant destinées à s'attaquer à des adversaires politiques d'Emmanuel Macron. Un tel détournement serait interdit par la loi, sans compter le fait que ces vidéos n'auraient pas eu de lien direct avec la lutte contre l'islamisme. Encore plus troublant: après les élections, Reconstruire le commun n'a plus montré de signes d'activité, bien que les associations aidées avec le fonds Marianne étaient censées mener des opérations pérennes. La présidente de Reconstruire le commun, Ahlam Menouni, évoque pour sa part une "pause due à des raisons personnelles".
@sandrousseau et @RokhayaDiallo sont citées dans l'article. Mais élément encore plus grave, en pleine campagne présidentielle, @MarleneSchiappa a financé par ce fonds une chaîne youtube dont l'une des émissions attaque vivement @Anne_Hidalgo à base de 15 mins de fake-news ⤵️ https://t.co/lOuYHTunfN pic.twitter.com/4FdP7Wx2KK
— #️⃣TeamPS (@AvecLePS) April 12, 2023
Face à ces révélations, une partie de la famille de Samuel Paty s'est dite "particulièrement heurtée par les récentes révélations" faisant état d'une "utilisation douteuse des subventions". Elle déplore une potentielle "absence de contrôle de l’utilisation de ces subventions" et affirme que le nom de Samuel Paty ne peut en aucun cas et en aucune manière être l’instrument de tels agissements".