Peut-on sauver un submersible perdu au fond de l'océan?

Les secours sont sans nouvelle du submersible disparu dans le cadre d'une expédition vers le Titanic, alors que les experts se montrent de plus en plus pessimistes.

Le submersible Titan, déclaré disparu le 18 juin 2023 ©BelgaImage

Ce mardi 20 juin, les recherches se poursuivaient pour retrouver le submersible Titan porté disparu dans l'océan Atlantique. Dimanche dernier, celui-ci s'était engagé dans une expédition touristique pour approcher l'épave du Titanic. Depuis, l'opérateur OceanGate Expeditions n'a pu que constater que sa trace avait été perdue. Des inspections de surface et sous eau sont actuellement entreprises pour le localiser mais même si ces efforts portent leurs fruits, encore faut-il pouvoir sauver son équipage. Si les autorités n'ont pas révélé les noms de toutes les personnes présentes à bord, il est notamment composé du milliardaire britanno-pakistanais Shahzada Dawood et de son fils Suleman. Une opération qui pourrait s'avérer difficile s'il s'avère que l'appareil gît sur le plancher marin, et c'est un euphémisme.

Une hypothèse "heureuse" et une autre cauchemardesque

Le scénario le plus optimiste, c'est celui d'une perte d'un simple problème d’électricité ou de communication. Le problème pourrait ainsi venir du système Starlink d'Elon Musk qui est utilisé à bord. Dans ce cas, l'engin pourrait toujours avoir la possibilité de rejoindre la surface par lui-même. Si tel était le cas aujourd'hui, cela voudrait qu'il flotterait quelque part dans l'océan. C'est ce qui explique que des inspections de surface sont menées, dans l'espoir que cela se confirme.

L'autre scénario serait beaucoup moins réjouissant. S'il y a un problème plus technique, cela représenterait une menace directe pour l'équipage. Certes, les passagers sont enfermés dans une capsule verrouillée, dont ils ne peuvent d'ailleurs pas sortir. Le problème, c'est que ce défaut technique condamnerait l'appareil à rester au fond de l'océan.

Une opération "très difficile"

Pour l'heure, les deux hypothèses sont encore sur la table, comme l'a expliqué à l'AFP Alistair Greig, professeur d'ingénierie marine au University College London. Mais plus les heures passent et plus la deuxième semble probable. Simon Boxall, un océanographe de l'Université de Southampton, a d'ailleurs déclaré à la presse anglo-saxonne qu'un "signal de détresse" a été reçu juste avant de perdre la trace de l'équipage.

Si cela se confirme, la situation serait critique. Si les secours peuvent compter sur leur sonar, celui-ci est moins efficace dans cette zone où les débris sont nombreux. Et même si cette première étape s'avère fructueuse, rares sont les engins capables d'atteindre de telles profondeurs. Pour rappel, le Titanic se situe aujourd'hui à près de 3.800 mètres sous la surface. Autant dire qu'à ces niveaux-là, la pression est telle qu'elle aurait raison de n'importe quel plongeur. Même le sous-marin de sauvetage de l'OTAN pourrait ne pas pouvoir supporter une telle tension.

Pour Chris Parry, un contre-amiral à la retraite de la Marine du Royaume-Uni, l'opération serait "très difficile", surtout si le submersible est coincé dans une "tranchée", le fond marin étant ondulé à cet endroit-là. "Nous sommes en territoire inconnu ici", avoue-t-il à Sky News avant d'imaginer malgré tout un scénario de sauvetage. "Vous ne pouvez pas mettre un autre engin par-dessus et faire sortir les gens à cette profondeur. Le navire doit être ramené à la surface". Pour cela, deux options seraient envisageables: tirer l'appareil à la manière d'une grue, ou le tracter comme des marchandises sur des wagons, par "ferroutage". Encore faut-il trouver un dispositif capable de faire cette opération tout en résistant à la pression.

Une course contre la montre

L'opération ressemble donc à un véritable casse-tête pour les services de secours. Et pourtant, il faut faire vite. Les cinq passagers n'ont qu'un stock limité d'oxygène et si ceux-ci sont au fond de l'océan, le temps est compté avant qu'ils n'en manquent. Lors d'une conférence de presse, le contre-amiral John Mauger, des garde-côtes américains, a expliqué que les réserves leur permettent de respirer de façon "autonome" entre 70 et 96 heures.

Dans la pratique, ces chiffres peuvent encore varier. Si les passagers stressent et consomment de ce fait beaucoup d'oxygène, les stocks pourraient se vider beaucoup plus vite. Si le scénario le plus pessimiste se réalise, l'équipage manquera d'oxygène dès ce mercredi 11 heures, heure de Bruxelles.

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