Wagner, invasion de l'Ukraine, Poutine... La mort d'Evguéni Prigojine change tout

Le leader de la milice Wagner est mort. Les circonstances n'ont pas encore été déterminées mais déjà, son départ annonce de grands changements.

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Evguéni Prigojine est mort. Après plusieurs heures de palabre ce mercredi soir, il a été confirmé que le chef du groupe paramilitaire Wagner se trouvait bel et bien dans la carcasse de l'avion tombé entre Moscou et Saint-Pétersbourg. Les circonstances de ce crash qui a coûté la vie à dix personnes restent à déterminer. Mais déjà, on peut s'attendre à des changements de grande envergure dans les prochaines semaines.

1. Un message fort lancé à tous les opposants 

Au lendemain du crash de l'Embraer - 135 appartenant à Evguéni Prigojine, rien ne permet d'écarter définitivement l'hypothèse de l'accident. "Il n'en reste pas moins que les images parlent d'elles-mêmes. Une rupture de plan au niveau d'une aile, c'est extrêmement rare. Cela peut se voir dans des conditions dantesques ou lorsque les appareils réalisent des figures acrobatiques. Mais en plein vol, tout laisse penser à un sabotage, à une collision avec un appareil tel qu'un drone ou un missile", remarque Michel Liégeois, professeurs de sciences politiques à l'UCLouvain et spécialiste des conflits internationaux.

L'ombre de Vladimir Poutine plane au-dessus de cet "accident". Si cela venait à se confirmer, ce serait un message fort lancé à l'ensemble de ses opposants. "Nous sommes face à un système mafieux où l'on écarte les rivaux pour maintenir sa position de leader. Avec la tentative de mutinerie en juin dernier, Vladimir Poutine avait vu son statut être ébranlé. C'était un véritable camouflet pour lui. Il fallait rétablir l'ordre et cela se traduit pas des règlements de compte", confie encore Michel Liégeois. Et ce n'est que la suite logique de ce qui est mis en oeuvre depuis le début de la guerre. De nombreux oligarques et proches du Kremlin sont inopinément décédés dans des circonstances pour le moins suspectes. Le message envers les opposants est renforcé avec cette manoeuvre spectaculaire.

2. Wagner en partie désossé

Le groupe paramilitaire Wagner était sous la coupole unique de son leader, Prigojine. Un leader omnipotent qui laisse derrière lui une milice comme une poule sans tête. Wagner va encore gesticuler un peu, puis il faudra trouver une solution pour sa direction. "En interne, je n'ai pas le sentiment qu'il y ait quelqu'un prêt à prendre les rênes. Si j'étais un officier de Wagner, proche de Prigojine, je me ferais du souci. Sans doute que beaucoup ont compris le message et ont déjà quitté l'organisation", remarque l'expert.

Mais alors quel avenir sera donné à l'ensemble des miliciens ? "Pour ceux basés actuellement en Biélorussie, on peut imaginer qu'ils soient intégrés, comme Poutine le souhaite, à l'armée régulière. Ils seraient répartis dans les différents bataillons et répondraient directement à la chaîne de commandement."

Il n'y aurait donc plus officiellement d'hommes de Wagner sur le sol européen. Pour ceux basés en Afrique, la stratégie risque d'être différente. Poutine a besoin d'eux. Ils ont permis de faire gagner à la Russie une grande influence sur de vastes territoires du continents africains. Parmi tous les pays qui ne s'opposent pas clairement à la guerre en Ukraine, nombreux sont des pays issus d'Afrique où Wagner a une énorme influence. "Sur ce territoire, un nouveau leader, très proche de Poutine, pourrait être désigné. Wagner doit subsister en Afrique sans que le Kremlin risque une seconde marche sur Moscou."

3. Une pression moins forte sur l'Ukraine

Depuis la mutinerie avortée, l'ensemble des forces de Wagner se sont retirées du territoire ukrainien pour se réfugier en Biélorussie. "Sur le terrain, au niveau des combats, cela ne va rien changer à la stratégie russe", assure Michel Liégeois. Il n'en reste pas moins que si Wagner devait disparaître du sol européen, cela pourrait soulager les forces ukrainiennes. "La frontière entre l'Ukraine et la Biélorussie est stratégique. C'est l'endroit le plus efficace par lequel passer pour rejoindre rapidement Kiev. Autant on ne peut imaginer une invasion des forces biélorusses, autant avec des forces de Wagner, cela obligeait les Ukrainiens à mobiliser des effectifs importants le long de la frontière nord. L'Ukraine va à ce niveau retrouver une certaine latitude."

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