En Arabie Saoudite, un retraité est condamné à mort… pour des tweets

Des critiques pacifiques exprimées sur les réseaux sociaux ont conduit à un verdict de peine de mort, a dénoncé l’ONG Human Rights Watch.

En Arabie Saoudite, un retraité est condamné à mort… pour des tweets
En Arabie Saoudite, il ne vaut mieux pas critiquer le régime de Mohammed Ben Salman… @BELGAIMAGE

Sur X (Twitter), Mohammed al-Ghamdi possédait deux comptes, suivis respectivement par deux et huit abonnés. Une audience a priori très modeste sur le réseau social, pour cet enseignant saoudien à la retraite. Cela n’a pas empêché les autorités saoudiennes de l’arrêter il y a un an, et de l’incarcérer quatre mois durant à l’isolement.

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Jeudi 10 juillet, un tribunal saoudien a condamné Mohammed al-Ghamdi à la peine de mort, pour «atteinte au statut du roi et du prince héritier» et de «soutien à une idéologie terroriste», dénonce une enquête de l'ONG Human Rights Watch. L’accusation a utilisé ses tweets (en majorité des retweets d’opposants au régime) et son activité sur les réseaux sociaux comme «preuves».

«La répression en Arabie saoudite a atteint un nouveau stade terrifiant, comme le montre cette peine de mort prononcée pour rien d'autre que des tweets pacifiques», a déclaré Joey Shea, chercheuse sur l'Arabie saoudite à Human Rights Watch. «Les autorités saoudiennes, qui ont intensifié de manière sidérante leur campagne contre toute dissidence, devraient annuler cette parodie de justice».

Pour justifier la dureté de la peine, les magistrats ont pointé «la magnitude des actions» de Mohammed al-Ghamdi, qui a été «amplifiée» par les réseaux sociaux. Pour plusieurs observateurs, ce verdict inhumain s’explique plutôt par le fait que le condamné à mort est le frère de Saeed Ben Nasser Al-Ghamdi, un opposant au royaume des Saoud exilé au Royaume-Uni.

«Ce jugement mensonger est fait pour me contrarier après l’échec des tentatives des services secrets pour me ramener dans le pays», a réagi le principal intéressé sur le réseau X.

 

 

Régime d'un autre temps

«Les autorités saoudiennes réagissent maintenant aux critiques en ligne, non seulement par le biais de simulacres de procès inéquitables, mais aussi par la menace de la peine capitale», a commenté Joey Shea. Il est difficile de voir en quoi les promesses des dirigeants saoudiens de développer une société plus respectueuse des droits ont un sens, lorsqu’un simple tweet critique peut conduire à une condamnation à mort».

À l’image de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018, ce verdict illustre les faux-semblants du régime de «MBS», Mohammed Ben Salman. Le prince héritier aime à se présenter comme un «modernisateur» du royaume, notamment en octroyant le droit de conduire aux femmes ou en mettant en avant la ligue de football saoudienne, rejointe par une pléthore de stars internationales.

À l’arrière-plan, l’homme fort du royaume impose pourtant un absolutisme politique supposé d’un autre temps. Jusqu’ici, la sanction la plus moyenâgeuse infligée par le système judiciaire saoudien était la condamnation, en août 2022, d’une professeure de littérature, Noura Al-Qahtani, à 45 ans d’emprisonnement, pour avoir critiqué le gouvernement sur les réseaux sociaux et affirmé son soutien aux prisonniers de conscience saoudiens.

C’était avant la condamnation à mort de Mohammed al-Ghamdi pour quelques tweets…

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