L’exemple tchétchène

Entamons 2012 par de l’enthousiasme! En soulignant à quel point le football peut se mettre au service de nobles causes.

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Politiques, entre autres. Dès 2009, Michel Platini, le président de l’UEFA, lançait d’ailleurs un appel solennel: "Le football doit pouvoir contribuer à solutionner des problèmes politiques épineux. Le football transcende les frontières, efface les barrières. Le football abolit les préjugés et combat résolument les discriminations partout où il faut les combattre!" Et donc, depuis lors, de grands footballeurs se mobilisent pour soutenir les bannis de la terre, n’hésitant pas à s’expatrier loin, très loin. Et notamment dans ces petites républiques caucasiennes de la Fédération de Russie, qui ont tant souffert.

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Admirons d’abord le précurseur Roberto Carlos, star du Real Madrid, qui décida le premier de rejoindre le petit club d’Anzhi Makhachkala, capitale du Daghestan (pour un salaire annuel net de 5 millions €, mais ne nous encombrons pas de chiffres, ce serait vulgaire). Soulignons ensuite le don de soi effectué plus récemment par Samuel Eto’o, attaquant de Barcelone puis de l’Inter Milan, qui fait lui aussi briller de mille feux le club d’Anzhi (pour un salaire de 20 millions d’euros, mais ne nous encombrons pas de chiffres, ce serait mesquin).

Et ne boudons pas notre fierté: le championnat de Belgique a fourni un très beau contingent de combattants à la cause. Vedettes d’Anderlecht et du Standard, Mbark Boussoufa et Mehdi Carcela ont eux aussi rejoint Makhachkala (pour 2,5 millions par an, mais ne nous encombrons pas…). Humble, l’ex-meneur de jeu des Mauves évite pourtant de tirer la couverture à lui. Lorsqu’un confrère lui indique que le Daghestan est une dictature, que le président-milliardaire de son club, Suleiman Kerimov (19e fortune mondiale), a bâti sa richesse sur des usages mafieux et que ses amis politiques pratiquent volontiers la torture et les assassinats d’opposants, Bouss’ réagit modestement par: "Je ne fais pas de politique…". On ne peut pas tout faire.

Ex-Mauve, lui aussi, Jonathan Legear a rejoint l’équipe du Terek Grosny, en Tchétchénie voisine (pour 1,8 million par an, mais ne nous encombrons pas…). Le président du club, Ramzan Kadyrov, est également président de la république. A 35 ans. Il contrôle par ailleurs une armée de 25.000 hommes, ainsi que l’économie locale.

Ceci via un système de corruption et de meurtres, bien que l’intéressé prétende que son énorme richesse lui provienne "directement d'Allah". Grâce à son mécène, ce garçon réalise en tout cas de l’excellent travail à Grozny, d’après "Jona" Legear. Ravagée par la guerre, la capitale "se reconstruit à une vitesse folle; bientôt, ce sera plus beau que Bruxelles".

Jona ne traverse Grozny que tous les quinze jours, pour jouer les matches. "Le reste du temps, on s’entraîne à 400 kilomètres de là. Mais un jour, je me suis promené dans le centre avec mon traducteur. On croise trois militaires tous les cent mètres. Ça donne un sentiment de sécurité. Ce serait bien de faire la même chose en Belgique, je trouve. Ça aurait peut-être évité le drame de la place Saint-Lambert…" Parfois, on se casse la tête pour résoudre nos problèmes belges. Alors qu’il suffit bêtement de voir ce qui se fait ailleurs…

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