Restons positifs

Je récapitule pour ceux qui n’ont pas noté. Nous, gentils contribuables belges, avons injecté 3 milliards dans Dexia en 2008.

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Puis 4 milliards en 2011, ceci afin d’en extraire la "banque de détail", d’en faire une nouvelle banque garantie 100 % bio sans phosphates et de la rebaptiser "Belfius" (moi non plus, je ne m’y fais toujours pas). Mais il y a aussi l’autre bidule: "Dexia S.A.".

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Quand on est dans la finance, on dit qu’il s’agit de la banque "résiduaire" du groupe franco-belge, et que celle-ci est "fortement déstabilisée par la crise de la dette". Vu qu’on n’est pas dans la finance, on dira que c’est la poubelle de Dexia, qu’elle est truffée de produits toxiques et de créances douteuses, que ce machin tout pourri est un tonneau des Danaïdes et qu’il va à nouveau falloir le recapitaliser (de quelques milliards), sinon c’est le tsunami garanti…

Raison pour laquelle l’État belge (donc nous, gentils contribuables) a dû se porter garant de Dexia S.A. à hauteur de… attention, ça va faire mal au "fius": 54 milliards d’euros!

Comme tout ça commence à nous énerver, on rappelle que Dexia a été dirigé jusqu’en 2008 par un gang franco-belge de financiers complètement mégalos, qui voulaient faire entrer leur groupe dans le top 20 des plus grandes banques du monde.

Et on rappelle aussi que Pierre Richard, ex-patron et architecte de cette folle expansion, touche aujourd’hui une "retraite chapeau" de… attention, ça va aussi faire mal au "fius": 583.000 euros par an! À vie. Pas grave, puisqu’en 2008, un prestigieux duo de successeurs allait redresser la barre.

Rendez-vous compte: Pierre Mariani, le nouveau P.D.G., fut rien moins que chef de cabinet de Nicolas Sarkozy (ce qui valait bien, à son arrivée, une augmentation de salaire de 30 % par rapport à son prédécesseur). Quant au nouveau président du groupe Dexia, que dire sinon que Jean-Luc Dehaene fut notre Premier ministre… Quatre ans plus tard, le duo-choc annonce une perte de 11 milliards pour 2011. Exit Dehaene, donc. Et exit Mariani qui, par contrat, aura droit à une prime de départ d’1,2 million…

Je conçois que votre énervement tourne doucement à l’hystérie, mais restons positifs. Ayons foi en l’avenir! Parce que ça y est: Dexia est reparti sur de bonnes bases. Nos 61 milliards (3 + 4 + 54 de garantie) sont confiés à un nouveau patron bien de chez nous: Karel De Boeck.

"La personne la plus compétente selon la liste établie par un bureau de chasseurs de têtes", nous signale Elio Di Rupo. Karel De Boeck, Karel De Boeck… Ah ben oui! En 2008, quand l’Etat (donc nous, gentils contribuables) a dû injecter 5 milliards dans Fortis, Karel était le patron. Et avant cela, il était "risk manager": c’est lui qui évaluait les risques pris par la banque quand elle utilisait notre épargne pour des placements à hauts risques ou dans des subprimes. Karel fut aussi l’homme du rachat par Fortis de la banque néerlandaise ABN Amro, emplette qui coûta 24 milliards d’euros et précipita la chute de notre banquier-assureur n°1. Ah oui, quand il a été démissionné, le brave homme a encaissé une prime de départ de 1,2 million. Et là, chez Dexia, son salaire sera de 600.000 euros par an. Trois fois celui du Premier ministre. Dites, on ne demanderait pas à Maurice Lippens de superviser le truc, pour être sûr que tout se passe bien?

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