
Pas tous égaux face aux mesures anti-Covid

L'Unia, le service public pour l'égalité des chances, a dévoilé un rapport sur l'impact des mesures sanitaires sur les droits humains. Ce rapport à pour origine les 1.850 signalements que l'agence à reçus entre le 1er février et le 19 août de cette année, soit une augmentation de 30% par rapport à l'an dernier qui est due en très grande partie au coronavirus et aux décisions politiques prises pour tenter de l'endiguer.
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A la recherche d'un bouc-émissaire
Première conséquence de ces mesures, la peur du virus affaiblit la solidarité entre citoyens. La tendance à culpabiliser et désigner un bouc-émissaire responsable des malheurs encourus est forte depuis le début de la pandémie. Ce sont d'abord les personnes d'origine asiatique qui ont été stigmatisées, puis les demandeurs d'asile et personnes d'origine étrangères, enfin les jeunes, tous pointés du doigt comme ne respectant pas suffisamment les mesures et propageant le virus. Même le personnel soignant a été mis à l’écart par des voisins ou des colocataires.
Autre conséquence, le renforcement des inégalités. Les mesures ont été pensées pour la société en tant que package, sans prendre en compte les différences de réalités entre les gens ou les classes sociales... L'Unia prend en exemple les groupes vulnérables comme les handicapés ou les parents célibataires. « C’est la raison pour laquelle nous appelons les autorités à prendre davantage en compte la complexité et la réalité des familles lorsqu’elles édictent les mesures », explique l'Unia dans un communiqué.
Le service pointe aussi que les contrôles policiers de respect des mesures se font de manière disproportionnée à l'égard de certains groupes et de certains lieux par rapport à d'autres où la police n'est quasiment pas visible. Enfin, les cours à distance mettent au grand jour les inégalités entre les élèves disposant d'un ordinateur personnel et d'autres qui doivent le partager avec la famille et/ou ont des problèmes de connexion internet. « Cela met en lumière les dysfonctionnements qui étaient déjà présents au sein de notre société », dit Patrick Charlier, le directeur d’Unia.
60% des étudiants en décrochage scolaire
Un sondage de la FEF (Fédération des étudiants francophones de Belgique) vient s'ajouter au rapport de l'Unia sur les difficultés scolaires. Selon cette enquête auprès de 7.700 étudiants de la FWB, 60 % des étudiants confinés se sentent complètement ou partiellement en décrochage scolaire. Les cours à distance se sont généralisés depuis mars (il y a eu à peine quelques semaines de cours en présentiel en septembre-octobre) et beaucoup d'étudiants ne s'y retrouvent pas.
Le fait de ne pas disposer d'endroit calme pour suivre les cours, les problèmes techniques et matériels ou le manque de suivi de la part des professeurs sont mis en avant pour expliquer en partie ces difficultés, mais le vrai problème est d'ordre social. Les étudiants interrogés mettent en effet en avant l'absence de vie sociale, des périodes de déprime, « envies de ne rien faire » et, de manière générale, un manque d'épanouissement dans un contexte anxiogène et déprimé qui les pousse à une remise en question par rapport à leurs objectifs pour le futur. Ainsi, 10% des sondés pensent arrêter leurs études.
Le mal est surtout présent chez les premières années en supérieur. Un étudiant sur 5 de première année a mal ou très mal vécu la transition avec l’enseignement secondaire et pour 70 % de ces « nouveaux », le passage au code rouge est un facteur de stress. Seuls 15% des sondés affirment ne pas avoir de problème de concentration ou de motivation. Bref, 2020, année pourrie qui aura des conséquences à long terme sur la société.