
Covid-19: ces pays qui ont menti sur leurs chiffres

Plus de 82 millions de contaminations au coronavirus ont été recensées à ce jour à travers le monde, ainsi que 1,8 million de morts, selon le décompte de l'université américaine Johns Hopkins. Si ce bilan mondial est déjà tristement impressionnant, les chiffres réels sont probablement encore plus élevés. La faute à une politique de dépistage, qui varie d'un pays à l'autre, mais aussi au manque de transparence de certains gouvernements.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Alors que la Belgique était pointée du doigt lors de la première vague pour avoir surévalué ses morts dans les maisons de repos, faisant d'elle le pays le plus endeuillé par rapport à sa population, d'autres pays sont accusés du contraire.
Dix fois plus de cas à Wuhan
C'est le cas notamment de la Chine. Selon une étude menée par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, près d'un demi-million d'habitants de Wuhan auraient été contaminés. Soit près de dix fois plus que le bilan officiel annoncé jusqu'à présent par les autorités, qui fait état de 50.000 infections.
Pour arriver à une telle conclusion, les chercheurs se sont basés sur des tests sérologiques effectués en avril après le pic de l'épidémie. Plus de 4% des habitants du berceau de la pandémie étaient ainsi porteurs d’anticorps, c’est-à-dire que leur organisme avait réagi à la présence du virus. Rapporté aux 11 millions d’habitants de la ville, cela signifie que quelque 480.000 personnes ont été contaminées.
- AFP
Ces révélations confirment les doutes quant à la véracité des chiffres de la Chine, qui, plus d'un an après l'apparition du coronavirus sur son territoire, compte officiellement 4.634 morts, soit environ quatre fois moins que le bilan belge pour 1,4 milliard d'habitants.
Russie, troisième pays le plus touché
Également sous le feu de critiques concernant la fiabilité de ses chiffres, la Russie s'est résolue à reconnaître une très forte surmortalité. Lundi, l'agence statistique russe Rosstat a fait état d'un excès de mortalité entre janvier et novembre de 229.700 décès par rapport à la même période de 2019, soit une hausse de 13,8%, indique Le Monde. « Plus de 81% de cette hausse de la mortalité sur cette période est due au Covid et à ses conséquences », a estimé la vice-première ministre chargée de la santé, Tatiana Golikova.
Ce constat amène le bilan des morts du Covid à un chiffre avoisinant les 186.000, soit entre trois et quatre fois plus que le bilan officiellement admis jusqu'ici de 55.692 morts, faisant ainsi de la Russie le troisième pays le plus touché par le coronavirus, après les Etats-Unis et le Brésil.
412.000 décès manquants
À l'instar de la Russie, d'autres pays, dont l'Iran et le Brésil, sont soupçonnés d'avoir tronqué leurs statistiques, en décidant par exemple de ne comptabiliser que les personnes décédées à l'hôpital ou en mentant sur la cause du décès.
Vladimir Poutine. - AFP
Parfois, les chiffres sont biaisés, sans nécessairement les manipuler. Aux Etats-Unis, qui s'approchent à grands pas de la barre des 20 millions de contaminations, de nombreux experts ont fait part au début de la pandémie de leur crainte quant à une sous-évaluation des chiffres, en raison de la difficulté d'accès au système de santé du pays. Sans couverture sociale universelle, les trois quarts des salariés américains ont souscrit une assurance maladie privée et sont donc rémunérés le temps de leur congé maladie. Mais pour le quart restant, les coûts pour une hospitalisation ou pour une simple mise en quarantaine sont exorbitants, faisant hésiter plus d'un avant de consulter et de se faire dépister.
En se basant sur la surmortalité, des scientifiques américains ont estimé entre 80.000 et 100.000 le nombre de décès supplémentaires qui pourraient être attribués au Covid-19 aux Etats-Unis, dont le bilan officiel dépasse les 300.000 morts, indique le Wall Street Journal.
Au niveau mondial, « l'oubli » est encore plus impressionnant. Le New York Times a mis à jour sa vaste enquête sur l'excès de mortalité observée dans une trentaine de pays. Résultat: au moins 412.000 morts n'ont pas été pris en compte dans les bilans épidémiologiques.