
3e confinement en Angleterre et en Ecosse pour faire face au virus muté

Sept semaines. C’est la durée minimale du confinement décrété par le Premier ministre britannique pour l’entièreté de la Grande Bretagne lundi. C’est déjà le troisième depuis le début de cette pandémie mondiale. « Les semaines qui viennent seront les plus dures jusqu’à présent », a même déclaré Boris Johnson.
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Cette décision sévère ne tombe pas du ciel et n’a rien d’exagérée. Ce lundi, les hôpitaux anglais accueillaient plus de 26.000 patients Covid, 30% de plus que la semaine d’avant, et surtout bien plus que le pic de la première vague, qui dépassait à peine les 18.000 malades.
D’après le Guardian, le Royaume-Uni a déjà perdu plus de 91.000 de ses citoyens à cause du coronavirus, et pourrait dépasser la barre fatidique des 100.000 ce mois-ci.
De l’Ecosse au Pays de Galles, les hôpitaux sont au bord de la saturation. « Nous ne sommes pas sûrs que le NHS (le système de santé publique) puisse faire face à une nouvelle augmentation soutenue du nombre de cas et, sans action supplémentaire, il existe un risque matériel que le NHS soit submergé dans plusieurs régions au cours des 21 prochains jours », ont notamment indiqué les médecins en chef du pays.
D’ailleurs, d'autres composantes du Royaume-Uni ont suivi l’Angleterre dans la prise de mesures strictes ou sont sur le point de le faire: L’Ecosse se confinera tout le mois de janvier dès ce lundi soir, tandis que le Pays de Galles ferme ses écoles jusqu’au 18 janvier. Quant à l'Irlande du Nord, les courbes augmentent également et la Première ministre devrait prendre des mesures dans la journée.
Des mesures ultra-strictes
Le Royaume-Uni dispose d’un système de baromètre pour gérer cette crise. L’Angleterre était au niveau 4 d’alerte et vient de passer au niveau maximal à la demande des médecins en chefs, pour éviter que les hôpitaux ne soient complètement dépassés sur le plan matériel. Ce risque de saturation est d’ailleurs le critère pour passer du niveau alerte 4, pourtant déjà strict, au niveau 5.
Maintenant que leur nation est en confinement complet et généralisé, les Anglais sont obligés de rester chez eux, sauf ceux qui ne peuvent pas télétravailler. Il est toujours possible de faire des courses ou d’aller à la pharmacie, de faire du sport en extérieur ou de se rendre chez le docteur ou à l’hôpital, mais aussi de rendre service aux personnes fragilisées. C’est tout.
Les écoles, commerces non-essentiels, métiers de proximité, hôtels et restaurants sont tous fermés. Crèches et écoles spécialisées restent ouvertes. La vente à emporter est toujours autorisée, mais sans alcool. Jardineries et magasins de bricolages ont été considérés essentiels.
Pas de bulle sociale sauf exception
Côté relations sociales, le système de bulle anglais est différent du nôtre. Il fonctionne par foyer et est très strict. Les membres d’une même habitation peuvent fréquenter les habitants d’un seul autre foyer et former ainsi une bulle.
Tout le monde ne peut pas former une bulle. Cela est réservé aux personnes qui vivent seules ainsi qu’aux parents célibataires d’enfants mineurs. Certaines familles peuvent aussi former une bulle si elles ont un enfant de moins d’un an ou un enfant handicapé de moins de 5 ans. Les parents séparés peuvent également former une bulle afin de se partager la garde des enfants.
En somme, impossible pour la très grande majorité des couples et familles de voir leurs proches. Même en extérieur, il faut maintenir deux mètres distances avec les personnes extérieurs à son foyer.
Des mesures qui ne seront pas allégées avant février, voire mars selon le Gouvernement.
Le confinement écossais n’est, lui, qu’au niveau d’alerte 4 et est donc moins strict. Il y est, par exemple, toujours possible de voir des proches en extérieur et les mariages et enterrements sont toujours autorisés en comité restreint.
Un objectif de vaccination optimiste
Concernant la cause de cette avalanche de nombreux cas, les versions divergent. Dans tout le pays, la lenteur d’action du Gouvernement est fortement critiquée. Mais pour Boris Johnson, il n’y a qu’une responsable : la nouvelle mutation du virus.
« Il n’y a aucun doute qu’en faisant face à l’ancienne variante du virus, nos efforts collectifs fonctionnaient et auraient continué d’être efficaces. Mais désormais, nous affrontons une nouvelle variante. La vitesse à laquelle elle se propage est très frustrante et alarmante », a-t-il même déclaré.
Des propos qui contredisent le discours que le Premier ministre tenait encore quelques jours auparavant, encourageant tous les enfants à retourner à l’école sans risque…
Johnson a profité de son discours annonçant le confinement anglais pour indiquer son intention de faire vacciner les 4 groupes de la population à plus haut-risque pour la mi-février, ce qui représenterait un peu moins de 14 millions de personnes, soit plus que la population belge.
Cela représente toutes les personnes âgées de 70 ans, le personnel médical, maisons de repos y compris, les personnes vulnérables à cause d’une maladie et les résidents de maisons de repos.
Un million de doses du vaccin Pfizer/BioNTech ont été inoculées en décembre, et 530.000 autres, du vaccin AstraZeneca, sont disponibles depuis hier alors que 450.000 supplémentaires devraient arriver dans la semaine. Ce qui fait environ 2 millions de fioles. Pour atteindre son objectif, le Royaume-Uni devra recevoir et administrer entre 2 et 2,4 millions de doses de vaccin chaque semaine.