Vers des zones « rouge foncé » en Europe?

La Commission européenne a évoqué ce jeudi soir l'introduction d'un nouveau code couleur dans les recommandations aux voyageurs.

Ursula von der Leyen et Charles Michel - Reuters

Jeudi soir s'est tenu un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement européens, afin de tenter de coordonner leurs actions face à la progression des nouveaux variants du coronavirus. Les Vingt-Sept veulent éviter la cacophonie observée lors de la première vague, avec des Etats membres qui ont fermé leurs frontières en ordre dispersé, mettant à mal le principe européen de libre circulation des biens et des personnes. C'est en tout cas le message de la Commission européenne.

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Sa présidente Ursula von der Leyen a recommandé d'éviter de nouvelles fermetures de frontières, affirmant qu’il était « de la plus haute importance de continuer à faire fonctionner le marché unique », c’est-à-dire de continuer à permettre le transport « fluide des travailleurs essentiels et des marchandises à travers les frontières » des pays au sein de l’Union européenne.  

Vert, orange, rouge et rouge foncé

Les Etats membres étant seuls compétents en matière de frontières - comme pour les mesures de restriction imposées à leurs populations -, la Commission européenne ne peut les contraindre à suivre son conseil. À la place, celle-ci prône plutôt l'introduction d'une nouvelle couleur dans les recommandations de voyages, à la hauteur de la situation sanitaire de certains pays.

Dans un aéroport à Londres

On connaissait déjà les zones rouge, orange et verte, même si ces deux dernières ne sont plus apparues sur la cartographie épidémiologique depuis bien longtemps. Une quatrième pourrait donc faire son apparition, le rouge foncé, afin d'identifier les zones où « le virus circule très activement », a précisé Ursula von der Leyen lors de cette réunion en visioconférence. Une proposition en ce sens devrait être présentée lundi, selon Le Soir, mais l'ancienne ministre allemande de la défense a déjà expliqué que les personnes en provenance de ces régions devront présenter un test négatif réalisé avant leur départ, et se soumettre à une quarantaine à leur arrivée.

Vers l'interdiction (temporaire) du tourisme?

Les Vingt-Sept sont conscients de la gravité de la situation sanitaire, accrue par la propagation de nouveaux variants du Covid-19, a souligné Charles Michel jeudi soir. C'est pourquoi le président du Conseil européen, « convaincu que nous devons maintenir des frontières ouvertes », a néanmoins affirmé que « s'agissant des déplacements non essentiels, des restrictions doivent pouvoir être envisagées ».  

Par ces mots, l'Europe donne ainsi son feu vert à l'interdiction des voyages touristiques. Une mesure défendue par le Premier ministre belge Alexander De Croo. « Dans la situation actuelle, il suffit qu’il y ait une petite étincelle et ça s’enflamme de nouveau. On est dans une bonne situation comparé à d’autres pays. Je ferai tout pour pouvoir sauvegarder cette position plutôt positive », avait-il déclaré au journal de la RTBF mercredi soir, ajoutant qu'il allait plaider en ce sens au Comité de concertation de ce vendredi. La Belgique ne serait probablement pas le seul pays à prendre cette décision. L'interdiction des voyages non-essentiels a également reçu le soutien de l'Allemagne, la France, l'Autriche, le Danemark, la Finlande et des Pays-Bas.

En ce qui concerne les frontières extérieures de l’UE, « nous proposerons des mesures de sécurité additionnelles pour les voyages essentiels vers l’Europe, par exemple en exigeant un test avant le départ », a annoncé Ursula von der Leyen, même si de nombreux pays le réclament déjà.

Un centre de dépistage à Londres  

Accélération de la vaccination

La question des frontières n'était pas le seul sujet évoqué ce jeudi soir. Les Etats membres ont également appelé à l'accélération de la vaccination, face à la crainte des variants. « Tous les moyens possibles » seront « examinés pour assurer un approvisionnement rapide » en vaccins, a assuré Charles Michel, appelant les entreprises pharmaceutiques « à tenir leurs engagements », alors que Pfizer a annoncé cette semaine des retards de livraisons qui exaspèrent les Européens. Afin de mieux évaluer les mutations du virus et l'ampleur du phénomène, « il nous faut aussi augmenter nos capacités de séquençage », a ajouté l'ancien Premier ministre belge.

Autre sujet sensible, la question du certificat européen de vaccination a été reportée à plus tard. Trop d'inconnues planent encore, a justifié Ursula von der Leyen, tant sur les vaccins eux-mêmes - « La vaccination inhibe-t-elle la transmission du virus par la personne vaccinée ? Combien de temps dure l'efficacité de la vaccination ? » - que sur l'aspect politique de cette proposition: « Comment assure-t-on le respect des droits de ceux qui n’ont pas eu accès aux vaccins et quelles sont les alternatives pour ceux qui ont des raisons légitimes de ne pas se faire vacciner ? » Le débat est loin d'être fini.

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